Introduction
La politique répond à un besoin sensible des hommes, celui de faire valoir leurs idées quand il ne s’agit pas tout simplement de les imposer. Ces deux attitudes tendent parfois à se confondre, ce qui explique en partie pourquoi la violence constitue un élément du jeu politique. Non pas qu’il faille la valoriser ou encore faire son procès, mais la violence caractérise le déroulement des enjeux politiques depuis toujours, notamment au XXe siècle. Un facteur ayant inspiré la violence physique et verbale en politique est le nationalisme. Doctrine prônant les intérêts de la nation devant ceux des individus, le nationalisme oriente, sous une définition un peu simpliste, les idées des acteurs politiques dans un cadre où les paroles dites et les gestes posés se réfèrent à la nation à laquelle ils appartiennent, et ce, dans tous les domaines (institutionnels, économiques, sociaux, culturels, etc.).
En s’inspirant de ce contexte, le présent article se veut une esquisse afin d’identifier les facteurs économiques, culturels, institutionnels et autres qui expliquent que certains nationalismes deviennent violents. Il n’existe pas, à proprement dit, de réponse unique à cette problématique. Cependant, nous avons choisi de traiter du nationalisme français entre 1924 et 1936. Ces deux dates se réfèrent respectivement à l’arrivée au pouvoir de deux coalitions politiques : le Cartel des gauches (avec Édouard Herriot en 1924) et le Front populaire (avec Léon Blum en 1936). De plus, cet article privilégie les diverses variantes du nationalisme pratiqué par la droite française au cours de ces années. Devrions-nous dire « les droites » ou « les nationalismes de droite »? Comme on peut le constater, il peut y avoir des facteurs de divergences influençant les conceptions du nationalisme en France. Dans ce brouhaha d’idées, il demeure une réalité : le nationalisme subit les contrecoups des événements et ses réflexes face à ceux-ci façonnent le visage de la violence verbale et physique pratiquée alors.
C’est en ce sens que nous tenterons d’analyser les objets de violence du nationalisme français, de 1924 à 1936, sous les thèmes suivants : le passé et ses influences sur le nationalisme d’après-guerre, les ligues politiques et la remise en question de la République, la tentation fasciste à travers l’idée d’un nationalisme violent et, enfin, la crise économique des années 1930.
Le passé et ses influences sur le nationalisme d’après-guerre
En dépit des nombreuses déceptions causées par le gouvernement du Bloc National (droite) au lendemain de la guerre, la victoire du Cartel aux élections de 1924 ne signifiait pas pour autant que le nationalisme d’après-guerre de la droite ait fléchi. Dans une France dévastée moralement et physiquement par la Grande Guerre, le nationalisme (et celui de droite notamment) se remettait en question. Certains prônaient un nationalisme « actuel », qui chercherait à se définir par rapport aux événements du temps présent. Le Traité de Versailles, la crise du franc, les relations avec l’Allemagne et l’agitation des ligues face au pouvoir républicain constituaient l’argumentaire de ce que Charles Maurras avait coutume d’appeler depuis 1905 le nationalisme intégral. D’autres, via le message du défunt Maurice Barrès, cherchaient un nationalisme moins radical et davantage préoccupé par le retour à la terre, le culte des traditions, l’acceptation de la République et la lutte face au désenchantement d’après-guerre. Au centre de ces deux courants se situaient les adeptes d’un nationalisme républicain et civique influencé par la Révolution de 1789.

Contrairement à l’Allemagne qui adoptait un nationalisme nettement plus violent dans son discours, un nationalisme fondé sur la notion de race, la défaite de 1918 et l’absence d’une tradition démocratique prolongée, la France transmettait à sa génération issue de la guerre les héritages de la Révolution de 1789 ainsi que le travail idéologique accompli par la République et ses instituteurs entre 1880 et 1914. Selon Beatrice Fry Hylson, le nationalisme français au début du XXe siècle suivait quatre voies : le patriotisme, le respect de la démocratie, la foi en l’étatisme et l’adoption d’une conscience nationale. Si l’on applique ces idées combinées avec l’expression de Michel Leymarie suggérant le triomphe de la République en 1918, serait-il juste de croire que l’aspect belliqueux d’un nationalisme agressif et xénophobe (Maurras, Daudet, etc.) d’après-guerre serait atténué dans une France tentée par le pacifisme et obsédée par la question du déclin démographique?
Si l’on compare la France avec l’Italie et l’Allemagne des années 1920, nous pouvons croire que l’absence de traditions démocratiques dans ces deux derniers États mentionnés pèse lourd sur la nature du nationalisme. Nous avons en France une République qui, après 1918, ne fait pas la promotion de la violence. De plus, la République est devenue acceptée au sortir de la guerre, elle est même un « réflexe » pour la majorité des Français. Tel est le paradoxe si l’on juge que Weimar est rejeté par une proportion nettement plus importante d’Allemands ou que l’Italie ne connaît le suffrage universel que depuis 1919. Dans ce contexte, le pacifisme français effectue un travail remarqué de dissolution de la violence, car celui-ci finit par dominer l’opinion étant donné qu’on ne veut plus entendre parler de la guerre, d’agressivité impérialiste ou de conquêtes outre-mer. Le point énoncé auparavant nous amène à tenir compte de l’opinion de l’historien Pierre Birnbaum en ce sens. Il soumet l’hypothèse que, depuis 1880 environ, la grande légitimité de la République limite les conséquences de la mobilisation nationaliste extrémiste (mise à part la parenthèse de l’Affaire Dreyfus).
Toujours est-il que l’idée de continuité entre les valeurs républicaines d’avant-guerre et la réalité politique de la France des années 1920 bute sur les accrocs d’un gouvernement soumis à maintes difficultés (instabilité ministérielle, crise du franc, etc.). La droite devait donc saisir les occasions quand elles se présentaient. Face à l’essoufflement du pays provoqué par la Grande Guerre, une partie de la droite nationaliste chercha une protection dans la défense des clauses du Traité de Versailles. À défaut de faire la guerre outre-Rhin, la montée agressive du nationalisme se traduisait par la dénonciation d’un gouvernement de gauche peinant à appliquer les clauses de Versailles, et ce, pour deux raisons. La première est celle qui liait la France à ses alliés et la seconde est la question des réparations de guerre que l’Allemagne devait payer. Directement, la guerre de 1914-1918 incita les nationalistes à rappeler au Cartel, et même à l’Union Nationale de Poincaré par la suite (1926), que le sang versé dans les tranchées ne devait pas sécher sur un traité inappliqué dans son intégralité.
L’action politique de la droite dans les ligues
En dehors des partis, les nationalistes français militaient, pour bon nombre d’entre eux, dans des ligues politiques de tendances conservatrices et parfois fascisantes. Ces ligues n’étaient pas soumises aux règles parlementaires (ni aux activités électorales) et s’organisaient en regroupements de propagande et d’action. Leur action politique reposait sur la réaction aux déboires de la République d’après-guerre. Bref, il s’agissait de s’en prendre au régime du Cartel des gauches (1924) ou encore au retour de la gauche au pouvoir (1932). Dans leur finalité, les ligues voulaient diminuer les pouvoirs de la République, voire la rejeter tout simplement.
Une des plus violentes ligues fut sans doute l’Action Française dirigée par Charles Maurras. Fondée en 1905, cette ligue ne se disait pas fasciste, mais elle affirmait son extrémisme face aux actions gouvernementales. Par exemple, elle dénonçait activement les institutions libérales et les traditions républicaines, au profit d’un monarchisme renouvelé. Pierre Gaxotte, Léon Daudet, Georges Blond et Robert Brasillach furent des figures dominantes de ce mouvement. Catholique et farouchement antiparlementaire, l’Action Française n’hésita pas à descendre dans la rue alors qu’Herriot, le leader du Cartel, avait fait voter de nouvelles mesures anticléricales, fit évacuer la Ruhr et reconnut le gouvernement de l’U.R.S.S. au milieu des années 1920. Sur le plan de son nationalisme, l’Action française défendait une doctrine « pseudo-nationaliste » (selon l’expression de Stephen Wilson). Le mouvement ne voulait pas défendre la France telle qu’elle était (le « pays légal »), mais une France mythique de sa propre création (le « pays réel »). Dans la conception de la violence de l’Action Française, il ne s’agit pas d’attaquer des ennemis réels de l’État à l’étranger, mais plutôt de se convaincre qu’il faut combattre des ennemis intérieurs et mythiques, tout en tentant de rationaliser sa propre xénophobie. Les étrangers et les communautés « suspectes » germent en France : Juifs, francs-maçons, protestants, etc..
Ce que propose l’Action Française entre 1924 et 1936 est presque clair : renverser la République, « purifier » la France de ses ennemis intérieurs et rétablir la monarchie. Le nationalisme de l’Action Française s’était inspiré de ce que Jacques Bainville (de l’Académie française) avait écrit en 1911 : « Le nationalisme est une attitude de défense, rendue nécessaire par la faiblesse de l’État ». Face à l’Allemagne, à Versailles et au Cartel, l’Action Française avait une attitude intransigeante. Son nationalisme appuyait une politique d’annexion sur le Rhin, soit une partition circonscrite de l’Allemagne. L’Action Française voyait donc en Versailles la consécration de l’unité allemande.

De toutes les ligues politiques de France, il est évident que c’est l’Action Française, bien que n’étant pas la plus importante en termes d’effectifs, qui a reçu le plus de publicité étant donné les confrontations régulières entre ses membres (notamment les Camelots du roi) et les forces de l’ordre. Cependant, d’autres ligues remettaient en question la passivité gouvernementale dans les dossiers criants au tournant des années 1920-1930. Sans aller jusqu’à dire qu’elles adhéraient à des solutions de type fascistes ou totalitaires, bon nombre de ces ligues optaient pour un autoritarisme dans la pratique politique au quotidien. Tel fut le cas des Croix-de-feu fondées en 1928 par le colonel de La Rocque.
Soucieux de réunir les anciens combattants autour des souvenirs de la Grande Guerre, le chef des Croix-de-feu privilégiait un État doté d’un exécutif autoritaire réduisant le rôle du Parlement, mais en même temps respectueux de la représentation nationale. Il défendait alors un nationalisme « traditionnel », ce qui, vers 1932, revenait à soutenir l’économie nationale (à une époque où la crise de 1929 frappait la France) contre la concurrence étrangère, tout en protégeant la main-d’œuvre française.
De plus, en collaboration avec les continuateurs de l’Action Française, les Croix-de-feu (fortes de 80,000 membres en 1934) furent impliquées dans des manifestations violentes au mois de février 1934, au cours de l’affaire Stavisky. D’origine ukrainienne, Stavisky fut l’auteur d’une escroquerie envers le Crédit Municipal de Bayonne. Sa mort suspecte et l’implication de certains membres du gouvernement dans le scandale alimentèrent les actions des ligues tout en contribuant à la chute du Ministère Chautemps. Par ailleurs, les Croix-de-feu, via leurs troupes de choc « dispos » (disponibles), organisèrent des manifestations violentes à Paris devant le Palais-Bourbon, où les affrontements entre la police et les membres de la ligue firent 15 morts du côté des Croix-de-Feu et 700 blessés, répartis également entre les deux factions. Les événements du 6 février 1934 étaient, dans l’esprit des ligues, une occasion en or afin d’exploiter une crise institutionnelle qui frappait la République.

La tentation fasciste à travers l’idée d’un nationalisme violent
Nous enchaînons sur l’étude du fascisme, ou plutôt de la tentative d’un fascisme en France. Bon nombre d’historiens, tels Pierre Milza et Serge Berstein, ont longtemps averti leurs lecteurs de ne pas comparer à tort la droite et même l’extrême-droite française avec les modèles fascistes en Allemagne et en Italie.
Bien entendu, il existait des partis fascistes en France dans les années couvertes par cet article. Mais ces formations n’entretenaient pas nécessairement de bons rapports avec les ligues ou autres mouvements de droite, d’extrême droite, voire même avec leurs « confrères » germano-italiens. Le fascisme français s’est donc toujours préoccupé de prendre ses distances de ses homologues allemand et italien, ainsi que d’affirmer son caractère distinct. Ces quelques précisions initiales nous aideront à mieux éclairer la violence pratiquée par les mouvements se réclamant du fascisme.
C’est Georges Valois, un ancien combattant, qui en 1925 fonda le Faisceau, premier parti fasciste de France. Crée au-dessus des partis, dans le contexte de la tourmente de 1925 (le Cartel était au pouvoir, la valeur du franc ne cessait de chuter, le traité de Versailles était de moins en moins respecté, etc.), le Faisceau des combattants et des producteurs voulait que la France devienne un État véritablement national. Valois avait mathématisé sa définition du fascisme sous la célèbre formule : nationalisme + socialisme = fascisme. Ouvert à un syndicalisme ouvrier, Valois disait qu’il n’avait rien à voir avec Mussolini, car son fascisme était à gauche, dans la défense des petits et à droite pour son désir de voir à l’installation d’un gouvernement autoritaire. De plus, le type de fascisme que l’on trouvait en France alors n’utilisait pas à leur pleine efficacité les techniques de propagande effrénée, de violence verbale massive à l’égard des adversaires ou de militarisation des adhérents. Bien sûr, le Faisceau et le Francisme (de Marcel Bucard) ont tenté d’embrigader des escouades à l’image des S.A. et des S.S. d’Allemagne, mais sans grands succès. Pour la majorité des Français, la guerre n’était pas une nouvelle expression de vitalité, ni une revanche de la passion sur le rationalisme politique.

Inspirateur des autres mouvements fascistes tels Solidarité française, le Francisme ou le Parti populaire français, le Faisceau n’avait pas de prétention à la violence. Ses actions étaient davantage liées à une dénonciation pacifique du gouvernement. Souvent associé au militarisme, le fascisme français soutenu par Valois regrettait que la France, depuis 1918 au moins, ne fût plus en phase de conquête coloniale. La violence n’a jamais été exploitée à fond dans le nationalisme du fascisme français, notamment parce que celui-ci était surtout un « état d’esprit », bien plus qu’une volonté de passer à l’action. C’est un nationalisme qui n’a pas su s’imposer, étant donné que la droite française demeurait forte dans la légalité républicaine. Les organisations fascistes étaient en ce sens vulnérables aux coups portés par les circonstances extérieures (retour de la droite au pouvoir en 1926, rétablissement temporaire du franc, etc.). Par ailleurs, ironie du sort, l’Action Française de Maurras ne se gênait pas pour bousculer le Faisceau pour son manque de convictions dans la défense de ses idées.
À l’instar du fascisme « traditionnel », Valois était un anticapitaliste et réfutait la propriété privée. Autrement dit, il défendait un programme politique de tendance socialisante, mais flou et difficilement crédible à une époque où le « Français moyen » cherchait la stabilité, tant politique qu’économique. Notre analyse nous amène à penser que l’expulsion de Valois de son propre mouvement en 1928 ne marqua pas la fin d’une quête d’identité d’un fascisme français, un fascisme qui voudrait se servir de la violence afin d’exposer de nouvelles thèses sur le nationalisme.
La même année, Henri Halliun, dit « Dorgères » ajouta, sous le concept de dorgérisme, de nouvelles idées au fascisme français. À un corporatisme, devait se mêler un catholicisme social. Sa dénonciation de l’État bureaucratique se combinait cependant à un respect de la représentation nationale proche des idées du colonel de La Rocque et de ses Croix-de-feu. Les divers groupements fascistes de France étaient nationalistes, certes, mais prônaient-ils la violence d’une manière spéculative? Par ceci, nous entendons que la violence de l’extrême-droite servirait surtout comme élément de menace, plutôt que d’outil concret de combat afin de bousculer le régime en place.
La crise économique des années 1930
La violence de la droite nationaliste française trouva de précieux arguments lorsque la crise économique frappa la France de plein fouet. Quand Herriot (gauche) forma son troisième cabinet à l’été de 1932, les maux de la crise se faisaient déjà sentir dans une France jusque-là relativement épargnée par les effets immédiats du krach de 1929. Pour la droite, le premier effet de la crise économique en France fut une nouvelle prolifération des ligues devant la passivité du gouvernement à enrayer le chômage, la crise des exportations, et ainsi de suite. La vigueur du nationalisme des ligues était par ailleurs alimentée par l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, par le coup de force italien en Éthiopie, la remilitarisation de la Rhénanie et le rexisme de Degrelle en Belgique.
Concrètement, la crise économique ne pouvait qu’entretenir les haines nationalistes à l’égard de la République. À la fin de septembre 1931 (sous le deuxième ministère Laval, droite), il y avait déjà une véritable chute des indices de production industrielle en France, suivie par une dévaluation volontaire de la livre sterling. Ce qui nous amène à dire que les problèmes reliés aux produits étrangers importés par la France vinrent porter un rude coup aux produits nationaux. Par exemple, la mise en place de barrières protectionnistes et d’un système de licences et de contingentements ne suffirent pas à assurer la compétitivité des produits français. Ce système n’encadrait que 58 % des importations. En mai 1936, au moment de l’arrivée au pouvoir du Front Populaire (Blum le socialiste, Thorez le communiste et Salengro le radical), la crise économique atteignait une ampleur sans précédent. Voulant à tout prix bousculer le franc et ramener celui-ci à sa valeur de 1928 (empêchant ainsi les produits français d’être compétitifs à l’étranger), ce nouveau gouvernement n’agissait pas devant l’incapacité des Français à augmenter leur niveau de consommation de produits nationaux, car la crise démographique limitait leur pouvoir d’achat.

Avec la gauche de Blum au pouvoir, la droite n’hésita pas à s’en prendre à la personne même du Président du Conseil et aux agissements de son cabinet. L’occasion lui était donnée de déchaîner un antisémitisme traditionnel dans certains milieux. Sommes-nous alors surpris de constater que, dans une France minée économiquement en cet été de 1936, les Français ne voulaient guère d’un Juif au pouvoir? Persuadés que Blum était une farce, Pierre Gaxotte, Jean Boissel, Charles Maurras et Léon Daudet ont traité respectivement le Président du Conseil de : « femme énervée », de « prostituée en délire », de « chamelle parfumée » et de « gentleyoutre ». La crise fut, dans ce contexte houleux, un élément catalyseur de la violence de la droite nationaliste.
Conclusion
S’il existe une période dite de « l’entre-deux-guerres », il pourrait alors y en avoir une dite de « l’entre-deux gauches ». L’arrivée au pouvoir du Cartel en 1924 puis du Front Populaire en 1936, a permis à la droite française de mener un combat parfois spéculatif, parfois concret contre la dégradation de la société aux plans politiques, économiques, institutionnels, etc. Le nationalisme de ces années fut teinté de violence, sous le découpage et le tri minutieux des souvenirs du passé (Grande Guerre, 1789…), de l’action des ligues, du questionnement entre l’absence ou l’existence d’un fascisme (importé ou typiquement français) et de la crise économique (même si ses effets se firent sentir un peu plus tard en France que dans les autres nations). Tous ces éléments furent autant de prétextes pour nourrir le fascisme.
Nous espérons que ces quelques lignes auront apporté une manière d’approcher les objets de violence du nationalisme français de 1924 à 1936. La France c’est la République, la République c’est la diversité des opinions et des tendances, donc le bassin d’idées nées de ce système politique nous amène à penser la violence en conceptualisation permanente de la « non-violence » et vice versa.
Malgré tout, la IIIe République disparut dans l’indifférence en juillet 1940. Suite à la parenthèse de Vichy, d’autres Républiques ont émergé et ont agi dans un nouveau climat qui rend désormais impossible la résurgence des desseins nationalistes et de la violence qui ont marqué spécifiquement les années 1920 et 1930 (du moins, on peut le souhaiter). Cela invite à réfléchir, par exemple, sur les liens éventuels que l’on pourrait faire entre le niveau de violence pratiqué par un peuple et l’implication active d’une majorité de gens dans la vie politique au quotidien (ligues, partis, etc.), le tout en rapport avec les événements présents.
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