Intrigantes et négligées : les campagnes sicilienne et italienne (1943-1945) (Seconde partie)

Introduction

Toile de Charles Comfort intitulée « Le Combat » dépeignant des fantassins canadiens de la 1ère Division en Italie (1944). (Musée de la Guerre, Ottawa).

La première partie de ce long papier sur les campagnes sicilienne et italienne s’acheva chronologiquement avec la fin de la conquête de la Sicile, qui devint une réalité après 38 jours d’affrontement entre le 10 juillet et le 17 août 1943. Ayant capturé Messine et faisant face à la pointe de la « botte » italienne, les armées alliées épuisées et exsangues doivent à nouveau repartir en campagne.

De leur côté, les forces de l’Axe ne sont guère dans une meilleure position, bien que les troupes allemandes s’étant battues en Sicile affichèrent une agressivité et une ténacité qui n’allèrent pas fléchir à mesure qu’elles effectuèrent une retraite en bon ordre dans la péninsule. Aux quelques dizaines de milliers de soldats germano-italiens qui étaient parvenus à rejoindre le continent, par le détroit de Messine, allaient s’ajouter d’autres renforts allemands composés de troupes de qualité, et ce, sans oublier que le terrain montagneux de l’Italie favorisait naturellement la défense.

Rappelons également que les campagnes de Sicile et d’Italie (qui allait s’amorcer au tournant d’août et de septembre 1943) furent les résultantes d’un compromis des États-Unis qui acceptèrent la stratégique britannique envisagée à la fin de 1942 et confirmée au début de l’année suivante à Casablanca. Cette stratégie était celle d’une approche indirecte, où l’idée était de porter des coups dans le théâtre de la Méditerranée, plutôt que de favoriser une stratégie directe qui consistait à frapper en Europe de l’Ouest, notamment en France. D’ailleurs, à cet égard, les Américains haussèrent le ton à plusieurs reprises, car ils préférèrent concentrer leurs forces en Angleterre pour ainsi attaquer les Allemands par la route la plus courte, à travers la Manche.

Dans les faits, Washington était déjà compromise dans la stratégie indirecte en tenant compte des ressources qui avaient été affectées à l’invasion de l’Afrique du Nord française en novembre 1942. La campagne qui s’ensuivit s’était achevée au printemps suivant par la capitulation des forces de l’Axe en Tunisie. En soi, la nouvelle était excellente, mais les Alliés avaient dès lors perdu le contact avec l’ennemi. La logique d’alors voulut que l’on reprenne les opérations le plus tôt possible afin de garder l’initiative et la pression.

L’autre donne du problème est bien simple et concerne directement la logistique. Il était à peu près impossible pour les Alliés de ramener plus de 150,000 hommes et leur matériel en Angleterre à temps pour une invasion de la France en 1943. La seule option demeurait l’Italie.

 La Sicile : rappels troublants

Nous savons que le 10 juillet 1943, les Alliés anglo-américains rassemblèrent plusieurs divisions pour la Sicile (Opération Husky) afin de constituer le XVe Groupe d’armées, qui consistait en la VIIe Armée américaine du général Patton et de la VIIIe Armée britannique du général Montgomery. Pourquoi parlons-nous de « rappels troublants »?

Parce qu’en Sicile, et en dépit de la victoire, les Alliés ont bien mal paru. Naturellement, la bravoure des individus et celle des groupuscules de combattants dans l’adversité ressortira toujours du lot, mais la réalité est que les performances de combat, dans leur ensemble, furent médiocres dans le camp allié. Le simple fait que des dizaines de milliers de soldats germano-italiens et leurs équipements aient pu s’échapper de la Sicile ne constitua que le point culminant de toute une série de déficiences stratégiques et tactiques observées chez les Alliés pendant cette campagne de 38 jours.

À cela, il faut ajouter les rivalités malsaines entre les Alliés eux-mêmes, puis celles entre les diverses branches militaires (armée, aviation et marine). À titre d’exemple, au niveau du renseignement, les Alliés ne surent exploiter toutes les précieuses données sur les dispositifs et les intentions de l’ennemi, données recueillies lors d’opérations de décryptage comme Ultra. Sur le terrain, les Américains de Patton firent des progrès rapides, mais les Britanniques de Montgomery piétinèrent autour de Catania. Enfin, l’exceptionnelle résistance des forces allemandes et les puissantes contre-attaques qu’elles purent menées dans des secteurs bien choisis ne furent qu’éclipsées par les piètres performances de soldats italiens mal équipés et démotivés. Pour toutes ces raisons, les Alliés purent s’estimer chanceux d’avoir fermé le dossier sicilien en à peine 38 jours.

La traversée du détroit de Messine par les Alliés marque la transition entre la fin de la campagne de Sicile puis le début de la campagne d’Italie (août – septembre, 1943).

De Reggio à Rome : la première phase (septembre 1943 – juin 1944)

Tel que nous l’avons présenté, à première vue, le portrait peut paraître sombre pour les Alliés, mais à terme, la situation est encourageante. La fin de la campagne sicilienne marqua la déposition de Mussolini et le nouveau gouvernement italien avait aussitôt entamé des négociations en vue d’une capitulation. Au plan politique, il est évident que la capitulation de l’Italie fasciste porterait un dur coup à l’Axe. Du point de vue militaire, voire stratégique, il semblait que le nouveau gouvernement italien était disposé à permettre aux Alliés d’y faire débarquer leurs troupes un peu partout sur le territoire afin de nuire aux mouvements des forces allemandes. Dans quelques cas, certaines unités italiennes basculeraient dans l’autre camp.

Par contre, les négociations entre le nouveau gouvernement italien et les Alliés piétinèrent pendant un certain temps, si bien que ces derniers hésitèrent avant d’amorcer de quelconques déploiements de troupes pour obtenir un effet de surprise. Les Allemands, eux par contre, n’hésitèrent pas. Ils envoyèrent de toute urgence des renforts dans la péninsule et prirent carrément possession du pays. Ainsi, ils avaient envoyé un message bien clair : si les Alliés veulent l’Italie, ils devront se battre pour elle, maison par maison, mètre par mètre.

C’est ainsi que débuta officiellement la campagne d’Italie, par un débarquement d’éléments de la VIIIe Armée britannique à Reggio di Calabria, le 3 septembre 1943, à peine deux semaines après la prise de Messine de l’autre côté du détroit. Le 9, ce fut au tour des Américains de la nouvelle Ve Armée du général Mark Clark (qui comptait aussi un corps d’armée britannique) d’opérer un débarquement à Salerne, dans le but évident de couper toute retraite potentielle de l’ennemi entre cette ville et l’extrémité sud de la péninsule où était Montgomery (voir la carte).

Carte des opérations du théâtre italien lors de la première phase entre le débarquement à Reggio di Calabria et Salerne jusqu’à la libération de Rome. Les lignes orangées représentent les différentes lignes défensives aménagées par les troupes allemandes, dont les Lignes Gustave et Hitler en constituèrent les principales au sud de Rome (septembre 1943 – juin 1944). (Cliquez pour agrandir.)

En face, les Allemands étaient toujours sous les ordres du Generalfeldmarschall Kesserling, qui avait opté pour une stratégie défensive à plusieurs échelons ou « lignes » afin de ralentir l’ennemi et le contraindre à livrer bataille pour chaque mètre. Ce que craignaient plusieurs stratèges alliés arriva en Italie, à savoir que Kesserling les entraîna dans une longue campagne d’usure, puisqu’il fallut prendre d’assaut chacune des positions défensives aménagées (Gustav, Hitler et Gothique) et d’y consacrer les ressources conséquentes.

Mais il faut insister sur le fait que les Alliés ne se lancèrent pas tête baissée vers le front ennemi sans avoir au préalable tenté des avenues pour le prendre à revers. Le débarquement de Salerne en constitue un premier exemple. Quelques mois plus tard, en janvier 1944 à Anzio, au sud de Rome, les Alliés lancèrent l’Opération Shingle afin de contourner le Ligne Gustav. Dans ce cas, le temps jouait contre les dirigeants alliés du théâtre méditerranéen puisque de nombreuses péniches de débarquement devraient tôt ou tard être renvoyées en Angleterre en prévision de l’invasion de Normandie. Cela dit, les forces alliées débarquèrent à Anzio et purent établir une fragile tête de pont sur la plage et certaines hauteurs environnantes, mais au final, l’opération peut aisément être qualifiée de désastre, car les troupes prises dans la poche ne purent jamais s’en extraire, du moins jusqu’au moment où le front allié plus au sud les rejoignit au début de juin.

Quelque peu enorgueillis par la nouvelle de la chute de Mussolini, les soldats anglo-américains qui débarquèrent à Salerne au début de septembre 1943 furent rapidement confrontés à un adversaire dont on avait sous-estimé sa résistance et ses capacités d’adaptation selon l’évolution de la situation. Par ailleurs, la difficulté à faire la jonction avec les forces alliées venant du sud de l’Italie n’arrangea en rien une situation que l’ennemi exploita allègrement. Source: United States National Archives.

Et c’est dans ce contexte de guerre d’usure, pour laquelle il semble qu’une victoire à court terme paraît illusoire, que les belligérants s’affrontèrent à nouveau dans ce qui nous apparaît aujourd’hui comme l’une des pires batailles du front italien, à savoir celle de Monte Cassino. Du 12 janvier au 18 mai 1944, les Alliés s’embarquèrent dans une série de quatre offensives pour prendre la montagne et le monastère de Monte Cassino, une véritable forteresse naturelle qui à elle seule bloquait la vallée du Liri, l’une des rares voies terrestres praticables menant directement à Rome.

Construit au VIe siècle de notre ère, le monastère bénédictin dominait donc la vallée et était utilisé par les observateurs d’artillerie allemands afin de régler leurs tirs de batteries. C’est alors qu’un virulent débat fit rage au sein du haut commandement allié afin de déterminer s’il fallait ou non bombarder ce trésor national italien, débat qui d’ailleurs a pu se poser tout au long de la campagne militaire étant donné les joyaux patrimoniaux qui parsèment le pays. Non sans surprise, par contre, on alla de l’avant avec le bombardement. Détruit, le monastère en ruines était encore plus facile à défendre pour les Allemands.

La quatrième offensive alliée (Opération Diadem) fut relativement bien exécutée par rapport aux précédentes, qui constituèrent un véritable gaspillage de ressources militaires, où l’une après l’autre, différentes divisions alliées de plusieurs pays avaient tenté en vain de prendre la montagne. En fait, ce sont les forces de deux pays aux effectifs militaires modestes pour l’époque qui jouèrent un rôle déterminant lors de ce dernier assaut. Le IIe Corps d’armée polonais du général Władysław Anders parvint à capturer les ruines du monastère à proprement dit, tandis que le Corps expéditionnaire français du général Alphonse Juin perça la Ligne Hitler à cette hauteur (à noter cependant la contribution d’autres éléments pour fixer l’ennemi et faire diversion ailleurs, dont celle d’une division canadienne de l’armée britannique).

Dominant complètement le champ de bataille à l’entrée de la vallée du Liri (rare voie d’accès vers Rome), le Mont Cassin (Monte Cassino) et son monastère bénédictin datant du Ve siècle furent transformés en véritables forteresses par les Allemands. La bataille dura cinq mois, de janvier à mai 1944, et peut-être qualifiée de « bataille internationale », dans la mesure où nombreuses furent les nations dont les troupes y combattirent. La bataille de Monte Cassino est emblématique de la campagne italienne et les belligérants y payèrent un lourd tribut avec plus de 75,000 soldats tombés sur cette seule position.

Officiellement terminée le 18 mai, cette « bataille internationale » de Monte Cassino fut probablement la plus terrible de la campagne italienne, avec un bilan avoisinant les 55,000 pertes pour les Alliés et un peu plus de 20,000 pour les forces de l’Axe. Par conséquent, la chute de cette position stratégique ouvrit la voie de la vallée du Liri et fut accompagnée, une semaine plus tard, d’une autre bonne nouvelle pour les Alliés avec la percée et le dégagement de la poche d’Anzio un peu plus au nord-ouest.

La jonction entre les forces d’Anzio et celles de la Ve armée américaine venant de Monte Cassino put enfin se réaliser. Ici encore se prit une autre décision douteuse de la part des Alliés. Il aurait en effet été possible de prendre à revers et encercler les forces ennemies battant en retraite depuis Monte Cassino vers Rome. Comme d’habitude, des tractations au sein de la hiérarchie militaire alliée, tractations combinées à l’hésitation du général Alexander (le commandant du théâtre d’opérations) et l’obsession de son subordonné le général Clark de prendre Rome le premier (pour marquer un coup de publicité avant que l’attention du monde ne soit tournée vers la France en ce début de juin 1944), n’aidèrent en rien.

Étant parfaitement conscients du danger d’un encerclement, les Allemands réagirent promptement et se replièrent au nord de Rome sur la Ligne Gothique. Cette dernière position défensive fort bien aménagée s’étendait d’Ancona (au sud de Bologne) en passant par Pise et Florence.

Autre déception qui rappelle Salerne, le débarquement anglo-américain d’Anzio en janvier 1944, dont le but était de couper aux Allemands la route reliant Rome à Monte Cassino. Loin d’être mauvaise en soi, l’idée fut victime d’une confusion d’ensemble attribuable à la fois à des manques de communications, à des contraintes logistiques et à une farouche résistance ennemie, dont on sous-estima à nouveau la volonté de se battre sur le sol italien et d’y consacrer les ressources nécessaires. Les Alliés furent prisonniers de cette poche pendant plusieurs mois, jusqu’au moment où les Allemands « décrochèrent », le tout dans le contexte de l’évacuation de Monte Cassino et du redéploiement des forces de l’Axe au nord de Rome.

La libération de Rome et le spectre du « front secondaire » (juin 1944 – mars 1945)

Cette seconde phase de la campagne italienne de la Seconde Guerre mondiale constitue en quelque sorte de talon d’Achille d’une tentative de soi-disant reconnaissance a posteriori de l’importance de ce front. Le raisonnement peut paraître quelque peu simpliste, mais il est clair qu’en dépit de son importance évidente, le débarquement de Normandie de juin 1944 eut des impacts directs sur la visibilité médiatique du front italien en plus de lui enlever des ressources militaires.

En d’autres termes, il est désormais admis qu’après le Jour J en Normandie, le front italien devint secondaire. On lui enleva au moins six divisions d’infanterie qui furent affectées à un autre débarquement, cette fois dans le sud de la France au mois d’août. Là encore, les avis sont partagés, mais d’un strict point de vue stratégique, le débarquement en Provence constituait une opération bien secondaire à notre avis.

Toujours est-il qu’en septembre, la VIIIe Armée britannique sous les ordres du général Oliver Leese (Montgomery ayant pris au début de 1944 la tête du XXIe Groupe d’armées sur le front Ouest), se lança à l’assaut de la Ligne Gothique (Opération Olive), le long de la mer Adriatique. À l’instar de Cassino, l’opération dégénéra rapidement en une guerre d’usure qui entraînèrent de lourdes de pertes pour les Alliés avec cette fois la difficulté à combler les vides, compte tenu, comme nous l’avons mentionné, que le théâtre italien devint secondaire. Bref, les Alliés anglo-américains réduits en nombre (notamment avec le transfert du corps canadien sur le front Ouest) durent passer un autre dur hiver de guerre sur le front italien, face à des positions toujours aussi bien défendues et sur un terrain favorable à l’adversaire.

Carte des opérations de la seconde phase de la campagne italienne, de juin 1944 (libération de Rome) jusqu’au début de mai 1945. Le principal défi pour les Alliés à cette époque fut de percer une autre ligne défensive, la Ligne Gothique (en rouge). À ce stade, l’attention du monde se tourna vers l’Europe du nord-ouest, si bien que le front italien devint secondaire aux yeux de nombreux stratèges, voire même des historiens et du grand public par la suite. (Cliquez pour agrandir.)

En mars de 1945, dans le contexte de la chute imminente du IIIe Reich, le général Heinrich von Vietinghoff reprit le commandement des forces allemandes sur le théâtre italien (poste qu’il avait momentanément occupé à la fin de 1944 au moment où Kesserling se remettait d’une sérieuse blessure). Son retour au front coïncida avec le déclenchement de l’offensive finale des Alliés. Le 9 avril, la VIIIe Armée britannique (général Richard McCreery) refoula davantage l’ennemi vers la frontière autrichienne et elle fut appuyée la semaine suivante par une autre offensive de la Ve Armée américaine (général Lucian Truscott).

C’est alors que les unités de Vietinghoff s’écroulèrent les unes après les autres, en particulier à partir du 25 avril, au moment où les VIIIe et Ve Armées firent leur jonction dans la région d’Emilia. Le 2 mai, les forces allemandes d’Italie capitulèrent, non sans avoir mené une résistance ayant duré près de deux ans (vingt mois).

Conclusion : le théâtre italien autrement

Notre but en écrivant ce long papier sur les campagnes sicilienne et italienne était double : rappeler les faits en espérant faire prendre conscience aux lecteurs que nous avons à faire avec un théâtre d’opérations pour le moins « intrigant », par la violence et les conditions extrêmes d’affrontement, en plus d’être « négligé » par les historiens, la culture populaire et le grand public au final.

Naturellement, les opinions diffèrent quant à l’utilité réelle de ces campagnes pour les Alliés. Les « partisans » de ces campagnes (dont nous sommes) diront qu’elles permirent de fixer un nombre important de divisions ennemies de bonne qualité, des ressources qui auraient pu évidemment être déployées sur d’autres théâtres d’opérations qui apparaissent plus importants pour certains. D’ailleurs, les pertes subies au cours de ces vingt mois en témoignent. Comme toujours, en histoire militaire, il est difficile d’évaluer exactement les pertes, mais on pense que les Alliés perdirent un peu plus de 300,000 hommes (tués, blessés et disparus), tandis que les chiffres pour les forces de l’Axe sont de l’ordre de 450,000.

D’autre part, ces campagnes soulèvent la question de ladite « performance » des unités sur le terrain. Il est souvent question de l’ardeur au combat des troupes allemandes versus celle de leurs alliés italiens qui laissait à désirer. Difficile à contester, nous pensons, ce constat en cache probablement un autre, à savoir celui de la performance des Alliés. En effet (et nous l’avons particulièrement relevé pour la campagne sicilienne), la performance d’une bonne partie des forces alliées fut loin d’être impressionnante par moment, notamment à cause du climat malsain dans le haut commandement sous le duo Patton-Montgomery.

Face à un ennemi déterminé (du moins chez les Allemands), bien dirigé et équipé, le taux de pertes des Alliés monta en flèche à certaines occasions et davantage de ressources durent être consacrées à ce théâtre pour combler les vides. Et comme nous l’avions indiqué dans le contexte de l’avant et de l’après-débarquement de Normandie, l’allocation des ressources militaires alliées pour le front italien se fit au compte-goutte à partir de 1944.

Tout cela nous ramène à une question bien simple. Les Alliés anglo-américains auraient-ils dû choisir d’aller combattre en Sicile et en Italie au lendemain de la fin des opérations en Afrique du Nord? Dans les faits, le théâtre méditerranéen était tout ce qu’il y avait de disponible au tournant de 1942-1943. Les campagnes subséquentes de Sicile et d’Italie auront au moins permis de tester la coopération interalliée, de parfaire certaines doctrines avant la Normandie et ainsi de suite.

Qui plus est, si erreur il y eut, c’est peut-être d’avoir insisté pour la poursuite de la campagne italienne au lendemain de la bataille de Monte Cassino et du demi-échec du débarquement d’Anzio dans les premiers mois de 1944. Il est probable qu’une meilleure lecture de la situation chez le haut commandement allié aurait permis de conclure qu’un minimum de forces devrait être maintenu en Italie une fois Rome libérée, histoire de fixer l’adversaire, mais sans poursuivre davantage les opérations vers le nord. À la limite, peut-être aurait-il fallu s’arrêter sur la Ligne Gothique. Le débat reste ouvert.

En somme, les campagnes sicilienne et italienne font partie de ces guerres « oubliées » de la Seconde Guerre mondiale, un peu comme ce fut le cas avec la campagne de Birmanie (voir notre autre article sur le sujet). Mais pour les hommes sur le terrain, l’extrémité des conditions environnantes, la sauvagerie des combats en montagne, celle dans les ruelles et les vignobles se combinèrent avec d’autres visions d’horreur associées à la misère humaine habituelle des champs de bataille en plus d’assister en maints endroits à la destruction d’un patrimoine mondial de valeur inestimable.

Telle fut la Sicile, telle fut l’Italie.

Fantassins canadiens progressant vers la Ligne Gothique (août, 1944). Source: Legion Magazine.

Une réflexion sur “Intrigantes et négligées : les campagnes sicilienne et italienne (1943-1945) (Seconde partie)

  1. Bonjour, j’aime beaucoup vos articles sur les différends sujets que vous nous proposez. Je deplores cependant que vous n’indiquiez aucune bibliographie exhaustive nous permettant d’approfondir les articles qui nous interessent. Merci bien, salutations.

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