Introduction
Les fortifications sont des structures militaires conçues pour défendre ou prévenir l’occupation d’un lieu physique ou d’une localité par une force ennemie. Les fortifications furent érigées depuis tout temps par les hommes et l’archéologie nous révèle une quantité presque infinie d’exemples de la maîtrise de l’art de la fortification par les sociétés anciennes. De ces découvertes, les chercheurs en apprirent également davantage sur les modes de vie de ces mêmes sociétés, telle l’organisation du travail, leur alimentation et ainsi de suite.
Dans cet ordre d’idées, les fortifications peuvent protéger un lieu particulier revêtant une importance stratégique et tactique relative, comme un pont, un passage à gué, ou des bâtiments. Sur une plus grande échelle, un système de fortifications peut assurer la défense de villes entières, comme il peut abriter des armées en campagne, protéger des frontières ou des côtes maritimes. Par ailleurs, l’ingénierie d’une fortification ou d’un système fortifié prend avantage de la nature du terrain et d’autres obstacles naturels afin de renforcer l’efficacité défensive des structures.
Cela dit, et en dépit des usages qui en sont faits, les fortifications érigées à une époque particulière sont représentatives du niveau d’avancement de l’ingénierie militaire et civile. Elles témoignent aussi des tactiques du moment et de la stratégie, comme de la doctrine opérationnelle (pour employer une expression moderne) d’un système militaire. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la doctrine, voire l’idéologie politique, put avoir son importance, car les dirigeants de toutes époques eurent besoin d’asseoir leur autorité en affaiblissant ou en démolissant des fortifications, surtout dans les villes sujettes à de fréquentes rébellions ou qui servirent de bases pour une armée ennemie envahissante. Dans ce contexte, on peut prendre l’exemple du roi de France Louis XIV, qui ordonna avec zèle que soient démolies certaines fortifications urbaines dans le but de soumettre toute la France à son autorité, grâce à une armée qui se professionnalisa à un rythme accéléré.
Les premiers temps des fortifications
Dans ce contexte, il existe à la base deux types de fortifications. Il y a celles érigées sur une base permanente, puis celles construites de façon temporaire afin d’accomplir une mission précise ou de répondre à une urgence particulière. Cet article s’attarde surtout sur le premier modèle, bien que le second ne soit pas à négliger non plus.
Les plus anciennes fortifications consistèrent en de simples monticules de terre sur lesquels furent installées des palissades de bois ou quelconques matériaux naturels pouvant servir d’obstacles, comme des pierres. Un tel aménagement donna d’emblée un avantage au défenseur, ne serait-ce qu’en lui octroyant une position surélevée, ce qui contraignit l’attaquant à grimper la pente et s’épuiser devant un adversaire aux forces prétendument fraîches. De plus, l’érection de monticules ne requit pas de matériau technologique spécifique et sa défense ou sa capture ne demandèrent pas l’élaboration de tactiques sophistiquées. Les anciennes civilisations qui disposèrent de certaines technologies matérielles et de connaissances en ingénierie cherchèrent à renforcer la sécurité de leurs royaumes respectifs en construisant des murs plus épais séparés par de larges fossés, dans le but de protéger leurs cités et autres lieux stratégiques.

Les fortifications sont donc aussi anciennes que les sources écrites le laissent entendre. Dans un cas précis, il est raconté qu’Homère affirma que la cité de Troie posséda un système complexe de fortifications et que plusieurs des cités grecques disposèrent aussi de murailles, dont la cité d’Athènes qui avait érigé un mur la reliant au port fortifié du Pirée. À l’époque impériale, les Romains maîtrisèrent sur le bout des doigts l’art de la fortification permanente pour leurs garnisons, de même que dans la construction de tours et de limes aux frontières (un réseau de fossés et de tours de défense et d’observation), comme ils édifièrent une grande muraille autour de Rome en 275 de notre ère. Dans le but de renforcer le système défensif impérial, les Romains avaient également construit un impressionnant réseau routier qui permettait à des troupes de se déplacer rapidement, ce qui nous amène à dire que ce dernier élément faisait partie intégrante de l’efficacité opérationnelle de leur programme de fortifications.
À l’autre bout de la planète, la construction de la Grande Muraille de Chine débuta au VIIe siècle avant notre ère et elle fut achevée une fois que la dynastie Qin unifia la Chine en 221 av. J.-C. Cette imposante muraille fut constamment entretenue, ce qui inclut une rénovation majeure sous la dynastie Ming entre le milieu du XIVe siècle et le milieu du XVIe siècle de notre ère. De nos jours, la Grande Muraille s’étend approximativement sur une distance de 6,000 kilomètres à travers le nord et l’ouest de la Chine.

Du fer à la poudre: la transition médiévale
Bien que les murs constituent la barrière de base des différents systèmes de fortifications, la force principale de ces défenses repose dans les tours et les portes. Par exemple, les armements placés dans les tours couvrent les approches vers les murs et nuisent sérieusement à la progression des forces ennemies qui tenteraient d’escalader ces derniers. De plus, une attention particulière doit être consacrée à la protection des portes, car il est fort probable que l’ennemi cherche à les percer en premier lieu à l’aide de béliers.
L’accroissement des villes posa un autre défi aux ingénieurs chargés d’édifier des fortifications. Ce problème fut particulièrement épineux au lendemain de la chute de l’Empire romain, où il fallut que les spécialistes reconstruisent d’anciennes fortifications détruites ou intègrent celles ayant survécu à divers assauts à leurs nouveaux plans de construction. Au Moyen Âge, les premières croisades amenèrent les Européens en contact avec les systèmes de fortifications de l’Orient, qui formèrent des séries concentriques de murailles à tourelles entourant une citadelle interne. La découpe et les détails architecturaux de ces fortifications orientales inspirèrent les croisés, dont leurs châteaux et fortifications urbaines des siècles suivants reflèteraient ce qu’ils ont vu là-bas. Encore là, cette transmission des savoirs dans l’art de la fortification demeura relative. Si l’on prend l’exemple de ce qui se fit en Asie, on remarque que les Japonais de l’époque médiévale tendirent à construire des châteaux purement « militaires », alors que les Chinois (mise à part la Grande Muraille) concentrèrent leurs énergies sur l’édification de défenses urbaines à vocations multiples.

Dans un autre ordre d’idées, l’invention de la poudre à canon sonna en partie le glas des fortifications, du moins en ce qui a trait à l’efficacité des murailles verticales. La chute de Constantinople sous le feu de l’artillerie ottomane en 1453 constitue un premier exemple de ce problème. Certes, on réfléchit à des solutions afin d’éviter d’avoir à reconstruire l’ensemble des fortifications, comme celle de placer des pièces d’artillerie montées sur des murailles verticales dans le but d’éloigner l’artillerie ennemie et ainsi assurer un certain effet dissuasif. L’autre solution fut simplement de renforcer les murs verticaux. Encore là, cette dernière solution ne régla pas le problème de la vulnérabilité centrale et grandissante des fortifications verticales. Autrement dit, il ne sert à rien d’épaissir les murs, surtout si les matériaux avec lesquels ils sont construits ne peuvent résister aux tirs directs de l’artillerie.
À la place, la base des murs devait être enterrée plus profondément, ce qui avait pour double avantage de diminuer la partie murale exposée à la surface, en plus de diminuer la visibilité d’ensemble de la forteresse pour l’ennemi qui est en face. C’est ainsi que l’architecture des fortifications qui naquit à l’époque de la Renaissance mit l’emphase sur des murs d’une maçonnerie mieux élaborée construits derrière des fossés garnis à leur tour de remparts. En d’autres termes, ce nouveau système masquerait la principale partie du mur, la protégeant en partie d’un tir direct, comme les remparts pourraient accueillir des batteries d’artillerie chargées de tenir à distance les canons ennemis. Sur ce tout dernier élément, on revient en quelque sorte à la solution envisagée au lendemain immédiat de la chute de Constantinople, à savoir cet usage de canons à des fins défensives afin d’atténuer les points les plus vulnérables des systèmes.

Une autre solution, celle-ci étant beaucoup plus efficace, fut l’aménagement de bastions, qui consistèrent en une « projection » vers l’extérieur (et non vers l’intérieur comme certaines forteresses orientales) d’un mur selon la forme géométrique voulue. Ce type de projection finit par remplacer les tours, sur lesquelles les stratèges comptèrent un peu trop pour assurer la défense. Les bastions pouvaient simultanément remplir des fonctions vitales consistant en la couverture des approches vers les murs, les fossés et les douves. Qui plus est, les bastions ont aussi un rôle d’attirer vers eux le feu ennemi, ce qui constitue en quelque sorte une manœuvre de diversion visant à détourner l’attention de l’ennemi des points plus névralgiques.
Fortifications et technologies de l’armement: un jeu de chat et de souris (XVIIIe – XIXe siècles)
Dans ce contexte suivant l’invention de la poudre à canon, le point culminant dans la science de l’ingénierie de la fortification vint avec les travaux de Vauban en France et de Coehoorn aux Pays-Bas. Vauban obtint la notoriété pour ses innovations constantes, que ce soit dans l’art de la fortification ou celui du siège, avec la mise au point de nouveaux paramètres géométriques, d’ouvrages extérieurs à l’enceinte principale et d’autres systèmes visant à établir un tir d’enfilade sur l’assaillant. Ses innovations obligèrent les stratèges militaires européens du XVIIIe siècle à consacrer leurs énergies afin de sacrifier la finesse et les subtilités esthétiques de l’architecture au profit de l’efficacité et par-dessus tout, de la puissance de feu des défenseurs.
Les développements en matière de fortifications au XIXe siècle remirent à nouveau en question les conceptions des décennies, voire des siècles précédents. Comme c’est souvent le cas, les technologies évolutives de l’armement posèrent de nouvelles menaces, menaces qu’il faut analyser sous l’angle de la réponse fournie à ces « défis ». Par exemple, les inventions de l’obus, du canon rayé et du mortier purent abattre sur des fortifications enterrées d’importantes quantités d’explosifs. En plus de faire effondrer les murs, ces obus plus puissants pouvaient détruire les fossés censés ralentir l’avance de l’infanterie ennemie, comme ils pouvaient neutraliser des pièces d’artillerie trop exposées sur les structures et réduire l’importance des bastions précédemment évoqués.

C’est ainsi que les principales puissances militaires européennes durent impérativement moderniser nombre de fortifications désuètes, notamment en y ajoutant des casemates et des tourelles enterrées. Ces derniers éléments s’érigèrent en ayant recours au béton armé, puis en ajoutant des plaques blindées, mais en prenant l’extrême précaution d’ajouter suffisamment de terre afin d’absorber le choc des obus ennemis. Ainsi, la simple forteresse ou muraille urbaine uniforme fut progressivement remplacée par une série de fortifications plus petites et qui purent s’appuyer mutuellement. Ces dernières devaient protéger des villes et des camps militaires retranchés à bonne distance afin de prévenir le bombardement de points névralgiques.
Ces nouveaux forts construits à la fin du XIXe siècle devinrent quasiment des « cuirassés terrestres », dans la mesure où leur armature en béton armé et en acier put enfermer de grandes quantités de munitions dans un vaste espace protégé pour alimenter des tourelles d’artillerie, des casemates et des barbettes rétractables. De concert avec l’évolution de l’armement, celle des fortifications se poursuivit de plus belle au XXe siècle. Les nouvelles fortifications intégrèrent tous les types et toutes les tailles d’ouvrages fortifiés pouvant se supporter mutuellement, tout en accordant suffisamment d’espace pour qu’une importante garnison d’infanterie puisse occuper les enceintes. D’une certaine manière, c’est comme si une armée ainsi retranchée en temps de paix voyait à l’avance à l’organisation du futur champ de bataille dans une zone fortifiée, dont les ouvrages purent désormais être reliés entre eux par de complexes réseaux souterrains.
Les guerres mondiales ou l’obsession de la fortification
L’expérience de la Première Guerre mondiale remit en question l’utilité des fortifications, dont les évolutions architecturales et technologiques furent les conséquences d’une course aux armements effrénée entre les puissances européennes au tournant du XXe siècle. De plus en plus, comme nous l’avons mentionné, les fortifications modernes ressemblèrent à quelques détails près au design des plus puissants navires de guerre de l’époque. Malgré cela, les super obusiers lourds des armées austro-allemandes pulvérisèrent sans trop de difficultés les puissantes forteresses belges de Liège, même que certaines fortifications en France connurent le même sort. Sur le front de l’Est, les fortifications autrichiennes furent malmenées par l’artillerie russe, bien que ces ouvrages purent servir, dans la logique des généraux de l’époque, comme points stabilisateurs des lignes de front, ce que d’aucuns appellent des « lignes d’appui ».
D’un autre côté, la bataille de Verdun de 1916 démontra la valeur non perdue de certaines fortifications, surtout lorsque celles-ci furent bien intégrées dans le dispositif défensif d’une armée consciente des forces et des faiblesses apparentes des ouvrages. Par conséquent, la dernière génération de fortifications qui furent construites dans la période de l’entre-deux-guerres consista en des lignes fortifiées très étendues et moins concentrées. L’objectif premier de ces nouveaux ouvrages serait de protéger le territoire contre toute attaque-surprise (et par définition rapide, mécanisée) à l’aide de garnisons permanentes. Par contre, ce mince filet retardateur devrait être appuyé par de plus puissantes armées de campagne installées à quelques dizaines de kilomètres à l’arrière, dont certains éléments iraient occuper des intervalles plus névralgiques entre des fortifications majeures. Rigide, la défense devait certes l’être, mais en prenant soin, en théorie, d’assurer un minimum d’élasticité.

Non sans surprise, nous faisons allusion à la Ligne Maginot construite en France pendant la période de l’entre-deux-guerres, dans le nord-est et sur une partie de la frontière alpine face à l’Italie. En plus de la puissance de ses ouvrages, nous remarquons une autre caractéristique encore plus importante de la Ligne Maginot, soit son impressionnant réseau de fortifications souterraines associées à d’autres réseaux d’ouvrages de taille moyenne et petite afin de créer une région territoriale fortifiée capable d’arrêter net des assauts ennemis prolongés. Dans une même logique, la Belgique fortifia pour sa part le canal Albert et la Tchécoslovaquie s’appuya sur les obstacles naturels constitués par les montagnes des Sudètes pour en faire de même.
De son côté, l’Allemagne se réarma trop tard pour avoir le temps et les ressources nécessaires afin d’ériger un système similaire à ceux des pays précédemment mentionnés. Elle opta plutôt pour la Ligne Siegfried, qui sans être sous-estimée, ne fut qu’une mince ligne d’ouvrages parsemés en des points névralgiques, le tout appuyé par de classiques obstacles antichars et antipersonnels. Plus ou moins bien entretenue dans le contexte de l’occupation ultérieure de la France et du nord-ouest de l’Europe, la Ligne Siegfried tomba devant les assauts américains à la fin de 1944. Non sans ironie, et selon ce que nous avons vu sur le terrain, le Rhin nous apparaît être un obstacle naturel bien plus difficile à franchir que ne l’eut été la Ligne Siegfried.

Cela dit, les Allemands performèrent de bien plus brillante façon lorsqu’il s’agit, au contraire, de prendre d’assaut des fortifications ennemies lors de la Seconde Guerre mondiale. À titre d’exemple, des troupes spéciales allemandes se lancèrent dans une opération des plus audacieuses contre le puissant fort belge d’Ében-Émael au printemps de 1940. Utilisant notamment des planeurs qui se posèrent directement sur les infrastructures, les forces aéroportées allemandes purent s’emparer sans trop de pertes (quelques soldats tués) de ce fort jugé imprenable. Quant à la Ligne Maginot, l’artillerie allemande alla jusqu’à employer des pièces de calibres de 600 à 800mm. En fin de compte, la Ligne Maginot put tenir jusqu’au moment où l’armée française fut vaincue ailleurs sur le front. On peut alors penser que la Seconde Guerre mondiale vit la « mort clinique » des fortifications. Étant généralement perçu par les historiens comme une guerre qui vit la renaissance du concept d’offensive sous de nouveaux visages tels le bombardement stratégique et les assauts aéroportés et amphibies mécanisés, il apparut difficile de plaider en faveur de nouveaux investissements dans le secteur des fortifications. En d’autres termes, aucun système de fortifications, aussi modernes fussent-ils, ne put enrayer une offensive interarmes bien coordonnée et exécutée par un adversaire déterminé.
Dans une autre optique, notons que les fortifications servirent également à défendre des côtes maritimes. L’évolution architecturale et technologique de ce type d’ouvrages suivit une ligne parallèle à celle des fortifications terrestres et elles purent maintenir pendant plusieurs siècles leur avantage sur les navires de guerre, et ce, même à l’ère de la poudre à canon, des obus et de l’acier. Bien que pouvant être endommagées par les tirs des navires ennemis, les fortifications maritimes purent généralement tenir, jusqu’au moment d’un assaut amphibie qui constitua la plus dangereuse menace. Encore là, il ne faut pas sous-estimer la force d’un système défensif maritime, car jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale au moins, les fortifications maritimes constituèrent des obstacles de taille devant être neutralisés à tout prix avant un assaut amphibie. Le débarquement franco-britannique raté de Gallipoli en 1915 (où quelques ouvrages fortifiés turcs de qualité moyenne purent sérieusement gêner la progression ennemie) demeure à cet égard emblématique.

De nos jours, les nations investissent peu dans des systèmes défensifs côtiers permanents, quoique certains États maritimes en Scandinavie, par exemple, disposent de batteries côtières légères, mobiles et modernes. Pour sa part, l’ex-Union soviétique maintint pendant longtemps après la Seconde Guerre mondiale des forteresses maritimes classiques. D’autre part, le développement de la guerre aérienne dut être pris en compte par les ingénieurs militaires. Il n’était plus question de regrouper des forteresses sous prétexte d’assurer une concentration du tir. Bien au contraire, il fallait disperser et enterrer au maximum les ouvrages afin de minimiser les dommages venant des airs.
Conclusion
En ce qui a trait à l’utilité des fortifications au XXIe siècle, nous pensons qu’au moment d’écrire ces lignes, elles servent essentiellement comme abris souterrains à l’intention des états-majors, qui peuvent ainsi coordonner en toute sécurité les opérations en surface. De plus, ces abris servent à l’entreposage de matériel militaire, comme ils peuvent dissimuler des batteries antiaériennes, antimissiles et des missiles stratégiques balistiques. Souvent enterrés dans le creux des montagnes et conçus pour survivre à toutes détonations thermonucléaires, ces abris symbolisent cette opposition éternelle entre la valeur de l’attaque et celle de la défense, une opposition qui remonte aussi loin qu’à l’âge de pierre, à une époque où, comme au XXIe siècle, la terre sert toujours comme premier matériau dans l’érection des fortifications.
Bonjour,
Une remarque sur la durabilité des fortifications: si la France avait consacré à son aviation ou ses chars l’argent dépensé au début des années 30 pour la construction de la ligne Maginot, ces engins auraient été périmés en 1940… C’est ce qui est arrivé à la Belgique qui modernisa largement son aviation en 1935, au moment de la réoccupation de la Rhénanie, et qui, en 1939, se retrouva avec une pléthore d’avions dépassés. La ligne Maginot (dans sa partie principale,sud) tint parfaitement le coup en mai-juin 1940. Sa présence permit à l’état-major français de redéployer sur l’Aisne et la Somme (juin 40) presque toutes les divisions d’infanterie « d’intervalle » qui y avaient été placées en 1939. Si l’armée mobile et blindée franco-anglaise se laissa si lamentablement cerner en Belgique, cela ne peut pas être attribué à la Ligne, mais à une faute du Commandement au moment même des faits.
Quant au Mur de l’Atlantique allemand, il faut préciser qu’il fut bâtit à l’aide de matériaux « civils » (béton, roche, fers à béton) réquisitionnés dans les pays occupés, manipulés en grande partie par des ouvriers tirés de ces mêmes pays, et armé à l’aide d’armes de tous types en très grande partie saisies sur les armées européennes vaincues par l’Allemagne en 39-41 (mitrailleuses polonaises, chars et canons français, canons belges et hollandais, russes,, …). Ces bunkers et ses armes supplémentaires permirent à l’état-major allemand d’assigner à chacune de ses divisions d’infanterie un secteur, non de 10 km, comme à l’ordinaire, mais de 40 km! D’où une considérable économie d’effectifs et d’équipement de première qualité. Ces derniers pouvant être réservés aux divisions actives sur le front de l’Est, ou aux divisions de réserve du front Ouest.
Les soldats allemands qui mirent le débarquement US en grand péril à Omaha Beach étaient vraiment peux nombreux…
L’étude de l’utilité de l’usage des fortifications est parfois un art délicat.
Meilleures salutations
Arcesilas
Bonjour,
Malgré tout l’intérêt avec lequel je vous lis, je peine à partager votre avis sur la Ligne Maginot.
Ces ouvrages étaient controversés à l’époque de leur construction en raison de leur coût exorbitant, qui aurait pu être affecté (par exemple) aux forces aériennes. Ils ont par ailleurs favorisé l’étrange esprit de tranquillité de la « drôle de guerre », et participent ainsi à l’orientation stratégique qui a fait manquer l’occasion d’attaquer la Ligne Siegfried lorsque l’outil blindé allemand se trouvait en Pologne.
Enfin, en raison de leur coût ils n’ont pas pu être prolongé jusqu’aux Ardennes, tout en incitant à adopter la même attitude dans ce secteur en surestimant l’atout géographique : d’où la percée allemande et le coup de faucille qui a suivi. Dans ces conditions, inciter les Allemands à ne pas attaquer au niveau du Rhin, c’était les canaliser vers le point faible du dispositif défensif, au lieu de les envoyer se faire cueillir par le gros des forces françaises (tout l’inverse des dispositifs défensifs de Bir Hakeim).
Bref, la Ligne Maginot aura assurément été un talon d’Achille, mais certainement pas une pièce maîtresse ! Renoncer d’avance à toute mobilité n’était pas moins sot que pratiquer l’offensive à outrance.
Cordialement,
Lieft
Et que penser de l’efficacité de la « forteresse » de Monte Cassino en 1944 qui a tout de meme retardé l avance alliée?
(un observateur de l’histoire de la 2ie guerre mondiale0