C’est à travers l’excellente télésérie du réseau HBO intitulée Rome que j’ai pu redécouvrir toute la richesse de l’Empire romain, et particulièrement son armée. Instrument vital de conquête et de puissance, l’armée romaine a connu une série d’évolutions à travers son histoire. D’une bande de soldats qui devaient payer ses propres équipements jusqu’aux réformes du général Gaius Marius vers la fin IIe siècle avant J.-C. jusqu’à la puissance force professionnelle sous l’Empire, l’armée romaine demeure encore aujourd’hui une source de fascination.
Cette fascination contagieuse nous est agréablement transmise dans le livre de l’auteure de réputation internationale Patricia Southern The Roman Army: A Social & Institutional History. En un peu plus de 300 pages de texte appuyées par un glossaire et une riche bibliographie, l’auteur explore ce qu’à été l’armée romaine. Son livre n’est pas tant une étude des grandes batailles de l’Antiquité, qu’elle aborde bien sûr, mais davantage une analyse approfondie de ce qu’a été cette force vue de l’intérieur.
D’emblée, Patricia Southern pose l’épineux problème de la quête de la critique de sources. En effet, comment bien interpréter l’histoire de l’armée romaine et de faire une reconstitution aussi juste que possible de son histoire. Les sources sont souvent fragmentaires, partiales, souvent elles se présentent sous des formes non manuscrites (ex: statues, monuments, etc.). Cette importante mise en garde que fait l’auteure d’entrée de jeu contribue à illustrer la complexité du sujet.
Elle introduit ensuite son sujet aux complexités du contexte de l’histoire de Rome. De la République au Ve siècle avant notre ère jusqu’à la fin de l’Empire d’Occident à la fin du Ve siècle après J.-C., l’auteure prend la peine de brosser le contexte socio-politique, le tout mis dans l’optique des relations qu’entretenait l’armée avec les différentes classes de la société. On reste sous l’impression que par moment, l’armée, les élites et le peuple ne formaient qu’une entité, alors qu’en d’autres circonstances, surtout à une époque où la Garde prétorienne nommait les empereurs aux IIe et IIIe siècles, on dirait que la force militaire formait une société à part.
Cela dit, The Roman Army analyse les origines de l’armée romaine, l’organisation des légions et des unités auxiliaires, de même que celle d’unités spéciales comme la Garde prétorienne, les cohortes urbaines (sorte de force de police), et des unités de cavalerie et de siège. Par exemple, de quelle manière était organisé le système des grades? Qu’était la solde d’un légionnaire? Comment s’administrait une légion au quotidien?
Le livre de Patricia Southern consacre tout un chapitre à la « culture » de l’armée. Par exemple, les relations entre les officiers et les légionnaires, la composition ethnique des soldats, la gestion du moral et de la discipline, etc. Dans cet ordre d’idées, qui dit administration de la discipline évoque la question des récompenses aux soldats ayant fait preuve d’un courage remarquable au combat. C’est ainsi que l’auteure en vient à analyser également tout le système des traditions qui ont largement contribué à l’entretien d’un esprit de corps au sein de cette force exceptionnelle.
À la guerre, l’armée romaine combattait avec méthode. Les stratégies et les tactiques sur le terrain ne laissaient que peu de place à l’improvisation. De l’état-major jusqu’à la centurie, tout était conçu de manière à optimiser les capacités combattives du légionnaire. L’auteure analyse par conséquent cet ensemble de tactiques et de stratégies, tout comme elle élabore la question de tout le bagage que pouvait emporter un légionnaire en campagne.
Avec ses seuls glaives, l’armée romaine n’aurait pu triompher. C’est pourquoi l’auteure s’attarde à l’analyse des communications et du renseignement, éléments vitaux pour la préparation d’une bataille. De plus, l’important système de wagons qui emmenaient les bagages d’une légion est scruté à la loupe, tout comme d’autres questions telles la médecine sur le champ de bataille, la cartographie militaire, etc.
L’armée romaine fut parmi les premières véritables forces militaires professionnelles de l’Histoire. Outil essentiel à la formation de l’Empire, cette armée est analysée de manière magistrale par Patricia Southern. Un livre que nous vous recommandons.
SOUTHERN, Patricia. The Roman Army. A Social & Institutional History, Oxford & New York, Oxford University Press, 2006. 383 p.
Haha am I literally the only reply to this great article!
Très intéressante présentation. Combien d’étoiles et est-ce que c’est un must dans le genre? Ça pourrait bien être le prochain essais que je vais lire, j’alterne entre un essais et un roman.
Le dernier essais historique que j’ai lu, c’est « ils étaient 7 hommes en guerre » de Marc Ferro, sur les leaders de la 2e guerre mondiale (Hitler, Mussolini, Staline, Roosevelt, Churchil, De Gaule, Hiro-Hito). Très intéressant, est-ce que tu l’as lu?
François Rivet
Salut François,
non je n’ai pas lu le livre de Ferro dont tu parles, bien que j’en ai entendu parler.
Je ne suis pas un spécialiste de Rome, ni de son armée, mais l’auteure est très connue dans son domaine. Elle est historienne à l’université et a habité 12 ans à Rome. Elle décortique aussi les termes latins associés à l’armée romaine, ce qui m’a beaucoup plu.
J’ai commandé le livre sur Internet.
Disons que je lui donnerai facilement un 8,5 sur 10. 🙂
Bye!
Carl