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La pratique de la guerre au Moyen Âge : combats et systèmes militaires

Introduction

Combat d'infanterie au Moyen Âge.

Écrire sur la pratique de la guerre au Moyen Âge constitue un exercice somme toute difficile à accomplir, ne serait-ce parce qu’il faut couvrir environ mille ans d’histoire militaire, le tout condensé en un texte de quelques milliers de mots seulement. En effet, la période médiévale, avec ses organisations et systèmes militaires lui étant propres, représente un ensemble de caractéristiques qui engendrèrent des pratiques de la guerre particulières à la « civilisation européenne », pratiques que nous avons décidé d’aborder, et ce, d’une période vulgairement divisée entre la chute du Bas-Empire romain en 476 jusqu’à la chute de Constantinople près de mille ans plus tard, en 1453.

À cet égard, ces découpes historiographiques de la période demeurent évidemment arbitraires, dans la mesure où il est difficile d’établir des généralisations (chaque société et civilisation étant distinctes par principe, mais interconnectées dans la pratique). Cependant, nous tenterons de relever certains traits de la pratique de la guerre faisant en sorte que la période médiévale, sans nécessairement constituer une transition de facto entre l’âge du fer antique et l’avènement de l’arme à feu à la Renaissance, fut innovatrice à maints égards en ce qui a trait à l’objet de cet article.

De la chute de l’Empire romain

Le premier point que nous pouvons souligner, même s’il s’agit d’une évidence à première vue, est à l’effet que les phases initiales de la pratique de la guerre en Europe de l’Ouest médiévale s’inscrivent dans le contexte de la désintégration progressive de l’autorité romaine dans les siècles qui suivirent la chute officielle du Bas-Empire en 476. Certains seraient tentés de dire qu’il y eut effectivement une nette coupure entre la période marquant la déposition du dernier empereur romain, tandis que d’autres parleront davantage d’une transition sur plus d’un siècle, ce qui signifie que dans l’optique qui nous intéresse, la pratique de la guerre représente des éléments de continuités évidents, mais également des éléments de discontinuités quant aux stratégies, tactiques, armements, organisations des armées et ainsi de suite.

L’administration romaine de la fin du Bas-Empire au Ve siècle tenta tant bien que mal de maintenir une difficile cohésion sociétale, en particulier entre les éléments latin et germain, dont l’intégration de peuples « étrangers » fut par moment aisée, mais dans nombre de cas difficile, sinon hasardeuse. Comme stipulé, Rome parvint à certaines reprises à intégrer des étrangers à l’organisation de ses armées et, par la force des choses, le visage même de l’institution militaire romaine s’en trouva modifié à jamais, de même qu’au niveau de l’organisation politique et économique.

Représentation d'un soldat franc (début Xe siècle).

En comparaison avec ce qui se passa avant et ce qui se passera après, les institutions publiques de l’époque (Ve siècle) étaient simples et petites, reflétant du coup un appauvrissement de l’économie, un déclin visible de la production littéraire et, par-dessus tout, un fractionnement de l’autorité politique. Aux yeux des peuples qui migrèrent vers l’Ouest, peuples qui « barbarisèrent » le monde romain si l’on peut dire, les Goths, les Vandales, les Francs et autres peuples germaniques, et qui finirent par s’imposer sur ce qui restait d’autorité romaine, être un homme libre signifiait avant tout être un guerrier, comme être roi signifiait être chef de guerre. Dans cette optique, nombreux furent les riches propriétaires terriens de descendance romaine qui continuèrent à jouir de certains privilèges d’autorité sous la gouverne des nouveaux conquérants germains, notamment parce que ces mêmes propriétaires surent démontrer de quelconque façon leur soi-disant importance comme chefs militaires pouvant éventuellement aider les nouveaux maîtres à consolider leurs conquêtes. Avec le temps, les anciennes et nouvelles élites finirent par fusionner.

Au cours de cette période, les armées étaient formées de deux composantes principales. Il y avait des groupements de guerriers sous l’autorité du roi et de ses magnats, puis l’on pouvait par moment procéder à la levée de contingents composés d’hommes libres en une sorte de milice. Dans les faits, ce dernier groupe formé essentiellement de fantassins parut dominer la période, du moins en termes de nombres, surtout lorsqu’il fallut mobiliser des troupes à des fins défensives ou pour des actions offensives locales. Pour des campagnes prolongées en territoire ennemi, les forces recrutées et entretenues par le monarque et ses magnats semblent avoir constitué l’essentiel des contingents, bien qu’elles puissent avoir été renforcées de manière impromptue par des troupes conscrites localement. Ce phénomène s’observa entre autre durant la période carolingienne (VIIIe – Xe siècles) du Haut-Moyen Âge, où des groupes d’hommes pauvres furent conscrits non pas nécessairement pour leurs qualités guerrières, mais davantage pour diminuer les coûts monétaires des campagnes militaires. Il était donc ardu de lever de vastes contingents de troupes « professionnelles », riches et bien équipées, d’autant que celles-ci devaient défrayer les coûts de leurs montures, équipements et parfois même leurs ravitaillements. Nous étions loin de cette époque (romaine) où les soldats recevaient une solde et étaient armés selon les ressources disponibles venant d’un trésor public central.

Avec le temps, et pour toutes sortes de raisons, notamment à cause des vastes distances à parcourir lors des campagnes militaires sous les Carolingiens, la qualité déclinante de l’infanterie et celle de la cohésion relative des tribus germaniques finirent par soulever de plus en plus de doutes sur la pertinence d’employer des fantassins sur les champs de bataille, qu’ils soient conscrits ou non. De plus, l’amélioration constante des tactiques et des équipements relatifs au combat à cheval, une variante conséquente de l’introduction de l’étrier et de meilleures procédures d’élevage, n’annonça rien de bon pour l’avenir de l’infanterie, du moins à terme. Par ailleurs, le besoin d’une force mobile et puissante se fit sentir dans le contexte des invasions et des raids menés par les Vikings, les pirates musulmans et les réputés et dangereux cavaliers hongrois.

En clair, la cavalerie lourde finit par devenir l’élément le plus important du champ de bataille. Il est à noter par contre que cette prédominance émergente de la cavalerie lourde dès l’époque carolingienne ne signifia nullement la disparition de l’infanterie. Dans les faits, la balance entre le cheval et le fantassin à pied, en termes d’effectifs employés à cette époque, est toujours sujette à débat. Précisons toutefois qu’au moment où débute le IXe siècle en Europe, la prédominance de la cavalerie semble de plus en plus évidente, prédominance qui durera au moins jusqu’au XIVe siècle.

Refuge politique et refuge militaire : le château

Dans cette Europe de la période médiane médiévale (Xe – XIVe siècles), les miles (chevaliers) devinrent une force absolue sur les champs de bataille, mais leur emploi représenta tout un défi logistique, sans compter les coûts y étant associés. À titre d’exemple, le casque, les boucliers faits de métal, de bois et de cuir, le long haubert (une cotte de mailles couvrant le corps, sauf le visage et les jambes), l’épée et la lance, le cheval et bête de somme, la selle et l’entraînement de la monture représentèrent des dépenses importantes. Au XIIIe siècle, les coûts de tous ces équipements pouvaient facilement représenter les dépenses associées à l’élevage et à l’entretien de tout un troupeau de bêtes de somme. La maintenance d’un seul chevalier doté de tous ces accoutrements (et l’entretien de ses servants) signifia qu’il fallut un support logistique qui put coûter tout aussi cher, ne serait-ce, par exemple, que pour fournir le fourrage nécessaire aux bêtes de somme, la nourriture des servants et ainsi de suite.

Trouver les fonds nécessaires était donc un souci de tous les instants. Souvent, les seigneurs durent investir une partie de leur capital dans l’entretien de tels groupes de chevaliers, ne serait-ce que pour défendre leurs fiefs, desquels ils tirèrent justement des revenus administrés par des formes locales de « gouvernement ». Par extension, les chevaliers pouvaient être simultanément seigneurs, administrateurs et guerriers, les cas échéant.

Vers la fin du XIe siècle, la majorité des fiefs, qu’ils soient défendus par quelques chevaliers ou bien par une force combinée sous les ordres d’un grand baron, disposaient de châteaux comme principal élément défensif. Dans ce contexte, le château se trouva rapidement au cœur du système militaire médiéval, de même qu’au centre de la conduite de la guerre pendant cette période névralgique du Moyen Âge. Essentiellement, le château peut être considéré comme une résidence fortifiée, donc appartenant à des intérêts privés, ce qui fit du paysage militaire médiéval quelque chose de fondamentalement différent de ce qui précéda et suivit la période qui nous intéresse, en ce sens où des murailles constituèrent l’élément défensif protégeant des villes entières. Bien entendu, les anciennes murailles des cités ne disparurent pas totalement (elles demeurèrent même nombreuses), mais petit à petit, le château finit par les remplacer à partir de la période centrale du Moyen Âge et il fut assigné à différentes fonctions ou missions.

Croquis de profil d'une partie d'un château médiéval illustrant la difficulté, mais surtout la complexité logistique de toute opération de siège.

En effet, le seigneur pouvait utiliser le château comme abris d’urgence, que ce soit pour protéger ses sujets d’une attaque externe ou bien pour se protéger lui-même contre une éventuelle rébellion de la part de ceux-ci. De plus, le seigneur utilisait le château comme pièce maîtresse de sa stratégie militaire. Comme mentionné, le château constituait une plate-forme de choix pour diriger le tir contre un ennemi envahissant, surtout contre des tribus nomades qui effectuèrent des raids de manière quasi régulière (ex: les Vikings), ou encore pour lancer des assauts contre ses voisins immédiats, dans une sorte de « guerre privée » pour l’accaparement des richesses et la fixation des frontières. En clair, vue ainsi, la guerre privée à petite échelle était un phénomène endémique au Moyen Âge. Enfin, le château revêtait une fonction symbolique, mais non moins importante au plan politique. Il était objet d’affirmation du statut du lord dans la hiérarchie politico-sociétale de l’époque, en même temps qu’il suscitait la convoitise de voisins agressifs ou de prétendants soucieux de réclamer de supposés dus. Non sans surprise, la période médiévale connut une prolifération du nombre de châteaux et de fortifications de toutes sortes.

L’art de faire la guerre ou l’art de se ravitailler : le paradoxe médiéval

L’omniprésence de châteaux détenus par des intérêts privés rendit la gouvernance de certains territoires difficiles et leur conquête quasiment impossible par moment. Ainsi, on n’est pas surpris d’observer qu’au début de la période médiévale, l’essentiel de la pratique guerrière tourna autour des raids et des sièges. Dans ce cas précis, la troupe envahissante qui effectue un raid eut tendance à contourner tout point de résistance prolongé pour s’en prendre aux villages moins bien défendus, à brûler les récoltes, à s’emparer ou à tuer les bêtes de somme et les paysans rencontrés en chemin, ce qui nuisit assurément à l’effort de guerre d’un ennemi prit sur la défensive. En plus d’enrichir l’envahisseur, ces raids permirent d’empêcher l’accès du défenseur assiégé à ses ressources, le contraignant en principe à se soumettre aux demandes ennemies afin d’arrêter la dévastation sur le territoire.

Cependant, dans les régions disposant de plus importantes fortifications et de capacités accrues de stockages de ressources, les grands raids (appelés chevauchées) devinrent moins efficaces que ce qu’ils n’avaient été auparavant. Si un ennemi assiégé ne pouvait être contraint de capituler en raison de la destruction de ses ressources, la capture méthodique de châteaux ou de grandes places fortifiées pouvait a contrario parvenir à le soumettre. Malgré tout, la réalité fut que dans bien des cas, le défenseur se trouva avantagé, si seulement il utilisait ses ressources de façon optimale et qu’il savait gagner du temps. Par exemple, les efforts déployés par le plus habile et agressif des envahisseurs pouvaient être réduits à néant si la durée du contrat d’engagement de ses troupes arrivait à terme avant que l’objectif ne soit pris, que le trésor soit vide au moment de payer la solde, que la maladie ne fasse ses ravages habituels, que les bêtes ne reçoivent pas le fourrage nécessaire et ainsi de suite. Encore une fois, tous ces pépins peuvent survenir avant même que l’offensive ne soit enclenchée.

Naturellement, tous ces problèmes existaient à une époque antérieure, disons lors de la transition entre les périodes antique et médiévale. Par contre, les effets liés à l’accroissement du nombre de châteaux et de forteresses quelques siècles plus tard ne firent que doubler le niveau de difficulté auquel l’envahisseur dut faire face dans son entreprise de conquêtes. D’autre part, il pouvait aussi être tentant pour un défenseur estimant son armée puissante de faire face immédiatement à la menace afin de profiter des larges espaces en terrain ouvert pour livrer la bataille décisive. Encore là, rien n’était acquis, pour peu que l’attaquant remporte une victoire qui dépossèderait le défenseur d’avantages stratégiques et tactiques, dont les termes liés à la négociation en vue d’une capitulation le priveraient des effectifs nécessaires pour soit occuper les places fortes ou harceler la logistique ennemie. Par conséquent, l’envahisseur cherchera à amener le défenseur en terrain ouvert, tandis que le défenseur préférera s’installer derrière ses murs.

Étant donné qu’il sembla difficile d’orchestrer une bataille en terrain ouvert dans ces conditions, des campagnes militaires sans batailles n’étaient pas rares au Moyen Âge. Sans dire qu’elles constituaient une norme, disons simplement que des invasions teintées d’un succès complet et incontestable ne relevaient pas de cette logique militaire implacable voulant que la finalité de la guerre soit la victoire complète, ou du moins la capitulation de l’ennemi selon les termes du vainqueur. Paradoxalement, lorsque de « grandes conquêtes » médiévales eurent lieu, par exemple lors de l’invasion normande de l’Angleterre en 1066 ou de la Première croisade avec la création du royaume de Jérusalem un peu plus tard, ce fut dans des régions où les châteaux étaient relativement peu présents.

L’environnement stratégie et tactique

Dans un autre ordre d’idée, et bien que le débat sur cette question semble assez vif entre les historiens, la cavalerie lourde fut à notre avis l’arme la plus importante et la plus imposante dans l’environnement stratégique du Moyen Âge. Des hommes en armes bien protégés et montés, qui parfois combattirent à pied lorsque la situation tactique du moment l’exigea, reçurent un entraînement et des équipements conçus théoriquement pour la guerre à cheval, et ce, tant pour la bataille en terrain ouvert que pour entreprendre une campagne de dévastation du territoire ennemi. En partie pour diminuer les coûts, on tenta de constituer des unités d’infanterie à cheval, mais ces dernières s’avérèrent d’une terrible vulnérabilité face au moindre petit groupe de chevaliers bien entraînés et déterminés. Cela ramène à la problématique qu’avaient les monarques de lever de larges armées à des coûts raisonnables, mais la pratique de la guerre de l’époque sous-tendait un autre principe d’importance afin d’assurer cette victoire complète, à savoir la capacité de poursuivre l’ennemi. Peu de batailles au Moyen Âge étaient remportées sans la contribution minimale d’une puissante charge de cavalerie et même lorsqu’ils combattaient démontés, les hommes d’armes devaient avoir les moyens de poursuivre leurs adversaires, sinon ces derniers pouvaient en tout moment se regrouper derrière des fortifications.

Peinture de Graham Turner représentant des chevaliers anglais combattant à pied (XVe siècle).

Quant à la guerre de siège si souvent évoquée, disons que même lorsque l’infanterie sembla jouer un rôle plus déterminant que la chevalerie, l’assiégeant qui pouvait assurer le ravitaillement de sa troupe sur une longue période avait de fortes chances de l’emporter. Concrètement, cette capacité de s’approvisionner signifie qu’il faille néanmoins conserver une importante force composée d’hommes à cheval pour aller chercher le ravitaillement en pays ennemi, que ce soit du simple ravitaillement en eau jusqu’à l’acquisition de ressources spécifiques comme le fourrage des bêtes de somme.

Par ailleurs, notons que lorsqu’ils étaient au combat, les hommes en armes n’étaient pas des combattants agissant de manière individuelle ou indépendante, comme il fut souvent décrit dans la littérature. Au contraire, ils combattirent en petites unités de manière cohésive sous une bannière leur étant propre, ces mêmes bannières étant ensuite regroupées en plusieurs batailles, au nombre de trois à neuf dans une armée. Ces groupes pouvaient effectivement opérer de manière indépendante sur le champ de bataille, mais généralement en exécutant une mission spécifique. Par exemple, une bataille pouvait feindre une retraite ou mener une charge à un moment spécifique, généralement de façon coordonnée avec la bataille voisine.

Un autre élément qui nous apparaît important de clarifier est celui du mythe entourant la supposée « infériorité » de l’infanterie médiévale, que l’on compare trop souvent avec celle de la période antique précédente, où la légion romaine constitua le summum en terme de qualité combattante. Une infanterie de qualité raisonnable exista au Moyen Âge, soit une force composée d’arbalétriers et de lanciers venant particulièrement de communautés urbaines comme des Flandres, de l’Italie ou d’Espagne. Qui plus est, les tactiques de l’époque médiévale mirent l’emphase sur l’importance de présenter des formations ordonnées sur le champ de bataille, tant pour l’infanterie que pour la cavalerie, dont le fait de briser la cohésion (la formation) pouvait être passible de la peine capitale, le cas échéant.

Aussi, les chefs militaires de la période furent loin d’être des idiots, des incompétents ou des gens totalement ignorants de l’art de faire la guerre. Intelligents, souvent expérimentés et instruits, ces commandants étaient parfaitement capables de développer des stratégies et des tactiques adaptées aux situations du moment. La presque totalité était également composée de dirigeants politiques, si bien qu’ils disposèrent d’un avantage certain en comparaison de généraux d’une époque plus contemporaine à la nôtre, en ce sens où ils maîtrisèrent l’art d’utiliser une armée tant à des fins militaires que pour achever des objectifs politiques. N’était-ce pas, après tout, la finalité de la guerre?

La technologie

Au chapitre du progrès technique, la pratique de la guerre à l’époque médiévale amena des innovations intéressantes, même s’il y a un débat aujourd’hui entre les historiens relativement à la valeur à accorder à ce sujet. En fait, il serait probablement plus prudent de placer ces innovations technologiques dans le contexte plus général des progrès réalisés par l’ensemble de la société européenne de l’époque, en particulier dans le domaine agricole, celui de la diversité économique, de la littérature, des réalisations architecturales et même des arts. De plus, l’époque qui nous intéresse vit la population de l’Europe quadrupler entre les années 1000 et 1300, comme le nombre de personnes vivant dans les villes ou bourgades augmenta parallèlement à l’activité économique s’y déroulant. Bref, tous ces éléments eurent inévitablement des impacts sur la pratique de la guerre et les systèmes militaires de l’époque médiévale.

Ajoutons à cela que la monétisation accrue de l’économie facilita la concentration de la richesse entre les mains de ceux se trouvant en haut de l’échelle sociétale, comme les rois et les grands princes. Les monarques purent ainsi embaucher davantage de troupes à pied et montées qui pouvaient être payées, plutôt que de recourir à des contingents « féodaux », des forces conscrites s’acquittant d’obligations liées à leur statut de vassaux. Des troupes professionnelles payées pouvaient également participer à de plus longues campagnes militaires, ce qui diminua un tant soit peu l’avantage « naturel » conféré au défenseur quant à la capacité de l’envahisseur de maintenir en ligne des troupes suffisamment longtemps pour épuiser les défenseurs d’un objectif assiégé. À cet égard, certains monarques du XIIIe siècle, tels Philippe Auguste et Édouard 1er, purent à l’occasion mener à bien des campagnes prolongées soutenues par une meilleure logistique et une amélioration des techniques d’érection de systèmes défensifs.

L’épisode de Courtrai et ses suites

D’un strict point de vue militaire, l’on pourrait dire que la période névralgique (et innovatrice) de l’art de faire la guerre au Moyen Âge a débuté le 11 juillet 1302, lorsqu’une milice urbaine flamande à pied infligea une humiliante défaite à la France lors de la bataille de Courtrai. Là, quelque 1,000 nobles français, des hommes en armes (montés), furent massacrés. Cette bataille provoqua une sorte de réaction en chaîne, car elle fit la démonstration qu’il était possible d’arrêter une puissante charge de cavalerie. Plus encore, l’onde de choc de la défaite en France fit qu’au moins jusqu’au milieu du même siècle, on recourra presque exclusivement à l’infanterie à pied, un peu à l’imitation du modèle anglais. En effet, les Anglais avaient battu les Français à Crécy (1346) en imitant les Écossais qui les avaient battus à Bannockburn en suivant l’exemple flamand.

La victoire des forces flamandes à Courtrai (Belgique) en 1302 souleva des doutes quant à l'efficacité de la cavalerie à percer de front une troupe ennemie à pied, déterminée et bien équipée. Sans totalement remettre en question l'utilité de la cavalerie, Courtrai envoya le signal qu'il fallut repenser son utilisation pour les batailles futures.

Les fantassins médiévaux connurent d’autres succès militaires sur les champs de bataille d’Allemagne, dans la péninsule ibérique, en Suisse et même en territoire byzantin. Même si la cavalerie lourde perdit de son importance dans ce contexte, il était tout de même recommandé aux monarques d’entretenir de telles unités, parce qu’elles excellaient dans le pillage, la destruction et dans toutes autres missions similaires visant à affaiblir la logistique de l’ennemi. Du même souffle, les châteaux continuèrent de jouer un rôle non négligeable, mais il sembla évident que vers le XVe siècle, l’accent des opérations de siège fut davantage dirigé vers les villes fortifiées (un peu comme à l’époque antique), ce qui souleva à nouveau l’importance qu’occupa l’économie.

Parce qu’elles entretinrent des populations dotées d’un armement minimal et de qualité convenable, à défaut d’être bien entraînées, il fut difficile pour des assiégeants de prendre directement d’assaut des villes fortifiées, et ce, même si leurs murs purent être percés par un « dynamitage » souterrain ou plus rarement par d’autres méthodes. En d’autres termes, la famine et la négociation furent toujours plus importantes dans la guerre de siège que les tours mobiles, les trébuchets et autres équipements de siège. De plus, encercler une ville requiert bien plus de soldats que lors du siège d’un simple château. Là encore, pour des raisons logistiques et pécuniaires, l’infanterie à pied prouva son utilité. Les fantassins coûtaient moins cher par tête et n’avaient pas d’animaux à nourrir.

Parmi d’autres conséquences associées à la « révolution » dans le monde de l’infanterie, notons qu’à nouveau, ce fut la défensive qui profita des avantages tactiques, rendant du coup les champs de bataille européens beaucoup plus meurtriers. À l’époque médiévale, les pertes occasionnées lors de campagnes militaires se comptaient essentiellement en nombre de combattants tombés pour cause de maladie. D’ailleurs, un chevalier vaincu, mais vivant avait beaucoup plus de chances d’être libéré moyennant rançon que d’être tué. Cela dit, les formations serrées et les armes favorites des fantassins (arcs, piques, hallebardes…) rendirent physiquement difficile la capture de prisonniers, sans compter qu’au strict plan monétaire, un chevalier (noble) était beaucoup plus payant qu’un troupier issu de la masse. Autrement dit, un fantassin vaincu avait beaucoup plus de chances d’être exécuté sur place. La période qui vit le début de la fin du Moyen Âge (XIVe siècle) vit aussi un arrêt progressif de la levée de troupes en vertu du statut de vassalité. Désormais, la majorité des soldats seraient recrutés par des capitaines selon un contrat volontaire (condotta) signé avec le monarque moyennant une solde régulière.

Conclusion

Le XIVe siècle vit aussi l’apparition de la poudre à canon, mais il fallut du temps pour la maîtriser, puis en faire une arme de guerre redoutable. Cela se produisit lorsque des innovations technologiques permirent de mettre au point des canons capables de détruire des châteaux ou des murailles urbaines, ce qui modifia brutalement le rapport de force entre l’offense et la défense. En réduisant radicalement l’efficacité des tactiques défensives, surtout autour du principe voulant qu’il faille gagner du temps, le canon redonna ses lettres de noblesse au combat en terrain ouvert et facilita la conquête par les États maîtrisant de telles armes. En conséquence, à mesure que s’acheva la période médiévale, et comme il est généralement admis par les historiens, une victoire remportée en terrain ouvert comme à Castillon (1453) montra aux Anglais la porte de sortie de France par une artillerie française en contrôle de ses moyens. La fin de la Guerre de Cent Ans coïncida avec la chute de Constantinople la même année, toujours sous le feu nourri et concentré d’une artillerie qui à son tour allait remettre en question les rôles attribués à l’infanterie et à la cavalerie sur les champs de bataille.

La guerre économique

Introduction

Ce qu’on appelle la guerre économique consiste en l’utilisation de toutes formes de coercitions économiques pour vaincre un ennemi. Selon les circonstances, il peut s’agir d’une stratégie directe ou indirecte, mais qui demeure une composante intégrale dans la conduite des opérations militaires depuis des temps immémoriaux. À une époque plus ancienne, la guerre économique revêtit certaines constituantes tel le contrôle de la chasse, des pâturages et des terres agricoles. La guerre économique put voir également les belligérants tenter de contrôler les sources d’approvisionnement en eau, les ports maritimes, les cols de montagnes, bref, toutes locations vitales à la bonne marche du commerce et qui devinrent à leur tour des moyens et des enjeux de la lutte armée collective. De plus, à mesure que l’Homme maîtrisa certaines ressources comme le bronze, le fer et l’or, celles-ci devinrent également des enjeux et des moyens d’achever les objectifs politico-militaires des premières civilisations. Ces dernières ressources permirent de fabriquer et d’acheter des armes, tout comme une pénurie ou une faible réserve de ces matériaux affectèrent l’effort de guerre.

L’économie: une arme ancienne

Durant l’Antiquité, les Romains et les Carthaginois s’affrontèrent lors de trois guerres majeures dans lesquelles chaque camp chercha la domination économique dans la Méditerranée. Mis à part les batailles rangées, chaque belligérant voulut perturber le commerce de l’autre en s’efforçant de désorganiser son économie. En perdant certains territoires stratégiques aux périphéries de leur empire, les Carthaginois perdirent du coup leur viabilité économique, ce qui les affaiblit grandement dans leur lutte à finir contre Rome. D’un autre côté, en vertu d’une habile combinaison de sa force économique et de sa puissance militaire, Rome put établir sa célèbre Pax Romana qui dura plusieurs siècles. D’une certaine manière, les Romains préférèrent, autant que possible, atteindre leurs objectifs politiques et économiques par la voie diplomatique.

Plus tard, la division de l’Empire romain en deux parties (est et ouest) devint inévitable, étant donné l’immensité du territoire à administrer, ne serait-ce que d’un strict point de vue économique. Cependant, le choix de Constantinople sur le Bosphore, à titre de capitale de la partie orientale, ne fut pas le fruit du hasard. En effet, la ville se situa à cheval sur un point de passage obligé pour le trafic commercial entre les Mers Noire et Méditerranéenne. Pendant environ mille ans, l’Empire byzantin put largement garnir ses coffres publics, justement en imposant des droits de passage aux commerçants qui utilisèrent le détroit stratégique du Bosphore. À l’instar de ce qui se passa dans la partie occidentale du défunt Empire romain, une désintégration lente et progressive affecta l’Empire byzantin, ce qui amena parallèlement un décroissement de sa vitalité économique. Les Turcs conquirent donc Constantinople en 1453 et prirent le contrôle d’importantes routes commerciales où transigèrent quantité d’épices et de soies, et ce, pendant environ cinq cents ans. Inversement, le déclin de la puissance de Rome à l’ouest mena à de nouveaux conflits d’ordre économique, que ce soit pour la possession des pâturages, voire même le contrôle des zones de piraterie.

Le théâtre des opérations à l'époque des guerres puniques entre Rome et Carthage. L'objectif: assurer la domination dans la Méditerranée.

La guerre économique à l’âge des empires

Cependant, à mesure que les États devinrent plus sophistiqués, ainsi en alla-t-il de la nature de la guerre économique. À titre d’exemple, à mesure que les pays de l’Ouest s’industrialisèrent, la demande pour des matières premières alla croissant et elle permit de créer des infrastructures économiques. Plus important, la Révolution industrielle accrut la puissance de certains pays comme l’Angleterre et la France, ce qui eut un impact direct sur leur rivalité économique.

Généralement, l’état de la recherche sur la guerre économique moderne situe le début de celle-ci à l’époque napoléonienne. Lorsqu’elle joignit les rangs de la Coalition contre les forces de Napoléon, l’Angleterre dirigea immédiatement une guerre économique contre la France et ses alliés. L’Angleterre le fit non seulement pour priver ses ennemis des matières premières nécessaires à leur effort de guerre, mais aussi pour anéantir le commerce français et permettre à Londres de monopoliser le commerce mondial par le contrôle des voies maritimes à l’aide de sa flotte. Qui plus est, toujours à l’ère napoléonienne, l’industrie textile de l’Angleterre inonda le continent européen de ses produits fabriqués à un rythme effarant, comme conséquence de cette Révolution industrielle et de ses effets sur l’évolution du capitalisme.

Le Système continental de Napoléon et le blocus naval du continent par l'Angleterre s'inscrivirent au coeur des enjeux de ces longues années de luttes armées qui troublèrent l'Europe au début du XIXe siècle.

Dans le but de contrer le blocus économique imposé à la France, Napoléon Bonaparte émit le Décret de Berlin en 1806, suivi du Décret de Milan l’année suivante, dans lesquels tous les produits britanniques seraient bannis du continent, en plus de prendre des actions contre quelconques tiers partis qui ne respecteraient pas ces avis. Non sans surprise, les décrets de 1806-1807 furent des plus impopulaires dans les nations européennes qui dépendirent du commerce extérieur pour soutenir leurs économies, si bien qu’ils constituèrent un important contentieux entre la France et la Russie. Cette dernière fut envahie en 1812, entre autres parce qu’elle refusa d’adhérer au Système continental imposé par l’empereur français.

Pendant la majorité du XIXe siècle, et suivant la chute de Napoléon, l’Europe et le reste du monde entamèrent une période de relative stabilité, bien que l’on vit poindre de nombreux conflits dans la course folle visant à s’accaparer des colonies et leurs marchés concomitants. À la fin de ce siècle, le déclenchement de la Révolution industrielle en Allemagne créa une intense rivalité entre Berlin et Londres. En effet, l’Allemagne parvint à chasser l’Angleterre de plusieurs marchés lucratifs à travers le monde. Cette rivalité économique et coloniale constitue en elle-même l’une des causes du déclenchement de la Première Guerre mondiale, avec les systèmes d’alliances et les nationalismes exacerbés de l’époque.

En août 1914, les Britanniques n’hésitèrent pas à entamer une guerre économique contre l’Allemagne en lui imposant un blocus naval, tout comme l’Allemagne répondit à cette stratégique en demandant à ses sous-marins d’en faire de même autour des îles Britanniques. D’une certaine façon, cela constitua une approche moderne à la guerre de course (où des navires privés embauchés par l’État faisaient la guerre au commerce ennemi), en faisant la guerre à l’économie de l’adversaire, toujours dans l’espoir d’affaiblir l’effort de guerre des belligérants. Dans ce contexte, et un peu à l’instar de ce que vécut la France de Napoléon, l’Allemagne fut davantage autosuffisante que l’Angleterre, qui dépendit virtuellement de ses importations dans tout ce que consommaient ses citoyens. Malgré cela, après quatre longues années de lutte acharnée, l’Angleterre battit l’Allemagne, mais seulement avec la précieuse assistance des États-Unis, qui entrèrent en guerre en 1917.

L'argent étant le nerf de la guerre, il fallut déstabiliser l'économie et le commerce de l'adversaire. Par conséquent, les deux guerres mondiales virent une utilisation massive de l'arme sous-marine par les belligérants contre les marines marchandes chargées de transporter les ressources nécessaires à l'effort de guerre.

À l’époque des idéologies

Vingt ans plus tard, le monde assista au début de la Seconde Guerre mondiale, qui fut essentiellement une guerre économique conduite par la strangulation navale et la puissance aérienne stratégique. En Asie, les Japonais cherchèrent à étendre leur empire afin d’acquérir des matières premières essentielles à l’industrie, tandis que les Allemands furent également attirés par les richesses de l’Europe de l’Est, notamment le grain et le pétrole. Une fois encore, cette guerre vit les îles Britanniques en état de siège par les sous-marins allemands alors que dans le Pacifique, la force sous-marine américaine harcela en permanence la marine marchande japonaise. À la fin des hostilités, la flotte marchande japonaise fut carrément anéantie, tandis que les infrastructures industrielles de l’Allemagne tombèrent en ruines. N’eut été du Plan Marshall, il est probable que l’Allemagne n’aurait jamais pu rétablir rapidement ses infrastructures industrielles au lendemain du conflit.

Quant à la Guerre froide, qui divisa pendant 45 ans les anciens vainqueurs de l’Allemagne, celle-ci est souvent perçue comme un conflit purement idéologique, mais elle fut également une lutte dans laquelle s’affrontèrent des systèmes économiques radicalement différents et en compétition : le capitalisme et le communisme. Chacun chercha à obtenir le contrôle des ressources planétaires afin de soutenir son économie et ainsi prouver la viabilité, sinon la crédibilité de son système. Éventuellement, l’Histoire démontra que les États-Unis possédèrent une économie supérieure à celle de l’Union soviétique, si bien que cette dernière ne put s’en remettre et l’empire communiste dirigé par Moscou finit par se désintégrer de l’intérieur.

Dans cet ordre d’idée, la démarcation entre la compétition économique, la coercition et la guerre peut être mince, tout comme le niveau avec lequel une nation est affectée par des pressions économiques peut varier grandement. À titre d’exemple, la guerre économique fut inefficace contre le Nord Vietnam, entre autres parce que le peuple accepta le conflit et il parvint à abaisser son niveau de vie, à tel point que cela dépassa les prévisions des stratèges américains. Dans d’autres cas, les États-Unis et certains de leurs partenaires occidentaux eurent recours à des sanctions économiques aux résultats mitigés, notamment lorsqu’il s’agit de mettre de la pression sur le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud, de forcer le départ de Fidel Castro à Cuba, de limiter la prolifération d’armes nucléaires ou pour atteindre d’autres objectifs stratégiques.

Bien qu'étant respectivement assis sur des bombes à retardement, les superpuissances de la Guerre froide s'affrontèrent aussi par l'entremise de l'arme économique, ne serait-ce que pour démontrer lequel des systèmes (capitaliste ou communiste) allait en sortir vainqueur.

Conclusion

En guise de conclusion, nous aimerions apporter une courte réflexion sur un cas de figure relativement récent, celui de l’Irak. D’une part, la Première Guerre du Golfe de 1991 fut livrée en partie pour des raisons économiques, dans la mesure où il fut impensable que l’Irak d’alors contrôle la majorité des champs pétrolifères mondiaux en détenant en « otage » les puissances occidentales. Il est vrai que la guerre fut menée sur un champ de bataille, mais ce conflit en fut un de nature économique, dans lequel les capacités industrielles écrasantes des puissances occidentales, combinées à un objectif stratégique limité (expulser les forces irakiennes du Koweït), permirent de prédire à coup sûr l’issue finale.

D’autre part, avec son objectif beaucoup plus ambitieux de changer le régime politique irakien, la Seconde Guerre du Golfe qui débuta en 2003 obligea les puissances occidentales belligérantes (États-Unis et Angleterre) à s’engager à plus long terme afin de restructurer l’économie du pays. Ici, l’idée consiste à utiliser l’arme économique (la remise sur rails de l’économie irakienne) à des fins défensives, dans l’espoir de contrer la montée du terrorisme et de l’intégrisme religieux. Encore là, rien ne garantit que cette stratégique aura fonctionné à terme. C’est peut-être la seconde génération d’Irakiens qui en percevra davantage les effets.

Ainsi, la guerre économique peut être une arme à double tranchant, mais qui repose sur un élément fondamental de la stratégie militaire : la volonté de chaque camp de poursuivre ou d’arrêter la lutte.

L’armée romaine

Des débuts jusqu’aux réformes mariennes (VIIIe – IIe siècle av. J.-C.)

La force de l'armée romaine reposait sur son infanterie lourde, en particulier sur le professionnalisme et la discipline affichés par le légionnaire.

L’armée romaine figure parmi les forces militaires les plus redoutables et endurantes en terme de longévité de la période antique. Elle parvint à développer des standards de discipline, d’organisation et d’efficacité que l’on n’allait pas revoir en Europe occidentale avant au moins la fin du XVIIe siècle.

Les premières traces d’existence de l’armée romaine remontent à la fondation de Rome, à une époque où de petits groupes armés dirigés par des chefs de guerre aristocratiques commençaient à se constituer. Vers la fin du VIe siècle avant notre ère, l’armée romaine avait fini par s’organiser sous la forme de phalanges composées d’hoplites lourdement armés qui combattaient en rangs serrés avec leurs boucliers ronds.

Le cœur de cette armée était formé de citoyens qui avaient les moyens de défrayer les coûts de leurs équipements, voire ceux des autres si nécessaire. Ces citoyens formaient l’infanterie lourde, alors que les citoyens plus pauvres servaient dans l’infanterie légère ou comme servants auprès de l’armée principale. À l’instar de ce qui se passait en Grèce, l’armée romaine était conçue pour mener de courtes campagnes lors des périodes les moins occupées durant l’année agricole.

C’est à la fin du IVe et au début du IIIe siècle avant notre ère que l’armée romaine commença à adopter une structure organisationnelle à l’image de ce qu’elle sera pour les siècles suivants, malgré que le modèle sera en évolution constante. Les sources d’époque relatives à l’organisation des légions romaines ne sont pas nombreuses, mais les écrits de l’historien grec Polybe au IIe siècle nous fournissent des indications relativement précises. Chaque légion de l’armée romaine sous la République était normalement constituée de 4,200 fantassins et de 300 cavaliers, mais en temps de guerre, les effectifs pouvaient être portés à 5,000 soldats à pied.

La force principale de la légion reposait sur une infanterie lourde qui était divisée en trois lignes (triplex acies) sur le champ de bataille et chacune de ces lignes comprenait dix manipules. Les première et seconde lignes étaient composées de légionnaires nommés respectivement les hastati et les principes. Chaque soldat était équipé de deux lourdes lances (pila), alors que les combattants de la troisième ligne, les triarii, étaient au nombre de 600, armés de plus longues lances similaires à celles de la phalange grecque. Chaque soldat de l’infanterie lourde portait une armure sur le corps, soit une cotte de mailles ou une armure faite de plaques métalliques, en plus d’emporter un bouclier semi-cylindrique (scutum) et une épée courte, le glaive (gladius). En support de l’infanterie lourde, la légion disposait de 1,200 velites, ces soldats équipés de plusieurs lances de jet et de petits boucliers ronds.

Composés généralement de 100 à 200 soldats, les manipules étaient commandés par des centurions et déployés sur le terrain selon une formation similaire aux cases d’un jeu d’échec. L’idée étant que les manipules de la seconde ligne puissent couvrir les intervalles laissés entre celles de la première ligne, alors que ces mêmes intervalles sur la seconde ligne étaient protégés par les manipules de la troisième rangée.

Les soldats recrutés parmi les peuples alliés de Rome étaient souvent regroupés dans des unités d'extraordinarii. Ces unités accomplissaient diverses tâches, dont celles d'assurer la sécurité du commandant.

Au niveau supérieur de la chaîne de commandement, les légions étaient dirigées par cinq ou six tribuns, qui s’échangeaient à tour de rôle la direction de la légion, si bien que deux tribuns assumaient simultanément la mainmise. Les tribuns étaient généralement des sénateurs nommés par le Sénat. Parmi ceux-ci, on pouvait trouver les deux consuls annuellement élus (ces magistrats séniors chargés d’administrer la République). En plus des légions régulières composées de Romains se trouvaient des troupes alliées de Rome (alae) dont le nombre pouvait varier de 4,000 à 5,000 fantassins appuyés de 900 cavaliers. Le gros de ce contingent, qui représentait généralement le tiers des forces en présence d’une armée romaine sous la République, était subdivisé en cohortes d’extraordinarii placées à la disposition immédiate du consul commandant.

Par conséquent, ces armées consulaires du temps de la République, composées de deux légions et leurs alliés, livrèrent la plupart des batailles des guerres des IIIe et IIe siècles avant notre ère. Elles parvinrent à vaincre Hannibal, malgré une cuisante défaite à Cannes (216 av. J.-C.), de même que les armées des royaumes grecs pendant cette période. Parfois, lorsque plusieurs légions romaines étaient concentrées en un endroit particulier, les consuls pouvaient s’échanger le commandement sur une base quotidienne.

Toujours à cette époque, l’unité qui formait le cœur du dispositif militaire était donc le manipule composé de 100 à 200 soldats selon les circonstances. Cette légion dite « manipulaire » s’avéra très efficace lorsqu’elle devait intervenir de manière spontanée sur le champ de bataille. Elle était d’ailleurs beaucoup plus flexible que les formations grecques de phalanges rigides.

La restructuration sous Gaius Marius (IIe – Ier siècle av. J.-C.)

À une époque où les communications étaient difficiles, il n’était pas aisé d’identifier clairement le dispositif de l’ennemi. Les armées belligérantes pouvaient rapidement entrer en contact les unes avec les autres, mais elles pouvaient prendre des jours, voire des semaines avant de s’établir sur un terrain favorable à la bataille. Une autre caractéristique de l’armée romaine était donc le grand soin avec lequel les légionnaires pouvaient ériger rapidement un campement bien aménagé, et ce, à chaque fin de journée. Le camp pouvait également fournir aux troupes une bonne base de départ pour les manœuvres du lendemain.

Gaius Marius, l'homme derrière les réformes qui ont amené la professionnalisation de l'armée romaine à la fin du IIe siècle avant notre ère.

En dépit de ses grandes qualités de puissance et de flexibilité, l’armée romaine devait constamment travailler à se réformer. Les campagnes prolongées contre les armées tribales espagnoles et gauloises forcèrent Rome à revoir en profondeur son appareil militaire. Traditionnellement associées au général Gaius Marius, les réformes dans l’armée romaine furent graduelles et probablement complétées pour l’essentiel vers la fin du IIe siècle avant notre ère. On s’était aperçu que cette armée romaine, qui au fond était une milice citoyenne qui avait atteint un niveau de professionnalisme à tout le moins impressionnant, ne pouvait pas accomplir un long service. À titre d’exemple, les campagnes militaires de plus en plus longues nécessitaient le maintien de garnisons en territoires occupés. Donc, cette armée milicienne n’était plus en mesure de répondre aux besoins, si bien que ses soldats-citoyens furent progressivement remplacés par des militaires professionnels.

Ces nouveaux soldats étaient désormais recrutés parmi les rangs plus inférieurs de la société, c’est-à-dire parmi une catégorie de citoyens romains qui n’étaient pas propriétaires et qui, par conséquent, ne disposaient pas des ressources nécessaires pour payer leurs équipements. Dorénavant, l’État allait fournir le matériel nécessaire, ce qui allait amener aussi une certaine standardisation de l’équipement. L’autre conséquence de la professionnalisation de l’armée romaine était d’ordre politique. Auparavant, les soldats-citoyens entretenaient une allégeance à l’État romain, ce qui avait l’avantage d’assurer une relative stabilité politique. Maintenant, et dépendamment de celui qui était à la tête d’une légion, l’allégeance à l’État romain pouvait être conditionnelle (selon les crises échéantes), les soldats pouvant se sentir davantage liés à leur commandant.

Au lendemain de la Guerre Sociale et des guerres civiles de la première moitié du Ier siècle avant notre ère, la citoyenneté romaine finit par s’étendre à l’ensemble de l’Italie actuelle. L’impact immédiat fut que les contingents alliés (alae) disparurent et tous les Italiens étaient désormais recrutés dans des légions identiques en tous points, tant au niveau des équipements que de l’organisation. Lorsque la condition d’être propriétaire terrien pour joindre la légion fut abandonnée, il en alla de même pour les particularités et distinctions entre chaque légion, qui tombèrent à leur tour.

Un autre personnage important dans l'armée romaine, le centurion à la tête de ses 80 légionnaires.

Par exemple, les velites disparurent et tous les légionnaires faisaient maintenant partie de l’infanterie lourde et ils étaient tous équipés du pilum. L’unité de base de la nouvelle légion devint la cohorte de 480 hommes, soit une formation composée d’un manipule de légionnaires provenant de chacune des trois lignes de bataille mentionnées précédemment. Chaque manipule était à son tour divisé en deux centuries de 80 hommes commandées par un centurion. La légion conserverait un effectif similaire, soit un total théorique de 4,800 hommes répartis en dix cohortes.

Cette légion à dix cohortes était encore plus flexible que la légion manipulaire. Habituée à combattre lors d’affrontements spontanés, cette nouvelle structure organisationnelle permettait de gérer une bataille à plus petite échelle, et ce, avec un minimum de puissance. Cela était pratique face aux tribus désunies politiquement qui étaient présentes dans la partie ouest de l’empire en particulier.

La montée du professionnalisme et la permanence des unités améliorèrent la qualité générale de l’armée romaine, notamment dans l’accomplissement de tâches spécialisées comme l’ingénierie et la guerre de siège. C’est avec ces nouvelles légions que César et Pompée parvinrent à acquérir de vastes territoires pour Rome. C’est aussi avec ces mêmes légions que César, Pompée et d’autres hauts dirigeants romains se tournèrent les uns contre les autres lors de guerres civiles qui détruisirent la République et virent l’avènement d’un principat[1] (empire) sous la direction du fils adoptif de César, Auguste.

De la fin de la République à la fin de l’Empire (Ier siècle av. J.-C. – IIIe siècle)

L’armée romaine du principat se structura progressivement au cours de la période allant des règnes d’Auguste à Claude (Ier siècle), en se basant notamment sur l’expérience acquise au cours de plusieurs siècles de campagnes militaires. Les légions devinrent des unités permanentes avec leurs propres numéros et noms pour les identifier, si bien que plusieurs d’entre elles allaient exister pour les siècles à venir. Leur organisation allait s’inspirer des légions sous la République. Chaque légion sous le principat était composée de dix cohortes de 480 hommes réparties en six centuries de 80 soldats. Chaque centurie était commandée par un centurion et la légion recevrait l’appui de 120 cavaliers. Selon les périodes, certaines légions disposaient d’une première cohorte comprenant un effectif de 800 soldats d’élite répartis en cinq centuries.

L'empire conquis par l'armée, à son apogée sous le règne de Trajan en 117.

Comme nous l’avons mentionné, les légions comprenaient un contingent important de spécialistes allant des armuriers jusqu’aux clercs, de même que des artilleurs sur catapultes et des ingénieurs. Les soldats étaient des citoyens romains qui devaient effectuer un service militaire d’une durée de 25 ans, un service dans lequel les 5 dernières années voyaient les vétérans exemptés de la plupart des corvées.

Chaque légion sous le principat était commandée par un légat, qui lui même était assisté dans ses tâches par un tribun sénior. Dans les deux cas, ces hommes étaient des aristocrates dont les carrières incluaient l’accomplissement d’une variété de devoirs civils et militaires et qui servaient dans une légion pour quelques années. Néanmoins, une certaine continuité était établie afin que l’armée romaine possède un corps de soldats expérimentés dans le but d’assurer un bon encadrement. Les centurions représentaient cet esprit de continuité et de professionnalisme, car en plus de l’expérience acquise, certains des centurions provenaient du rang et connaissaient donc parfaitement les rouages de la vie militaire.

En appui direct de l'infanterie, l'armée romaine pouvait compter sur une variété d'engins de guerre, dont la balliste qui pouvait propulser une lourde flèche perçante sur une longue distance.

Par ailleurs, à l’appui des légions se trouvaient des corps de troupe non-citoyennes auxiliaires (auxilia). L’infanterie auxiliaire était organisée en cohortes de 480 ou 800 hommes et la cavalerie en alae de 512 ou 768 hommes. Il y avait également des unités (corhortes equitatae) composées d’une mixture d’infanterie et de cavalerie. Les auxiliaires comprenaient aussi des unités d’archers et des troupes légères. Celles-ci étaient équipées de cottes de mailles, de casques et de boucliers, en plus d’emporter une variété d’épées, de lances et de javelots. Lorsqu’ils terminaient leur service de 25 ans, les soldats des unités auxiliaires se voyaient attribuer la citoyenneté romaine.

Dans un autre ordre d’idées, mentionnons que les stratégies et les tactiques de l’armée romaine étaient agressives. L’idée maîtresse était de constamment saisir et maintenir l’initiative dans tous les types de conflits. Cela signifie que l’armée romaine pouvait être flexible et s’adapter à diverses situations. Combiné avec la qualité de ses soldats et celle de son support logistique, cela donna à l’armée romaine des avantages indéniables sur ses adversaires.

L’armée romaine sous le principat conserva sensiblement le même modèle organisationnel jusqu’au IIIe siècle. Cependant, certains détails concernant l’organisation militaire romaine après cette période demeurent plus obscurs. On sait qu’un plus grand nombre d’unités furent levées, ne serait-ce que pour assurer l’occupation du vaste territoire impérial. Par contre, ces unités semblent avoir disposé d’effectifs plus restreints, comme les légions qui furent réorganisées autour d’un noyau de 1,000 fantassins tout au plus.

Un détail de la colonne de Trajan montrant des légionnaires en formation de marche au cours d'une campagne militaire. Chaque soldat transporte une armure ventrale, un bouclier, deux pilums, un glaive, un casque, du matériel de cuisine et autres équipements pour ériger le camp (pelles, pioches, etc).

De plus, à partir de la fin du IIIe siècle, on assiste à une tendance dans le haut commandement romain à ne plus déployer les meilleures forces aux frontières comme c’était le cas sous le principat. Cela amena une division organisationnelle au sein de l’armée, entre les troupes déployées aux frontières (limitanei) et les unités de l’armée de campagne (comitatenses). Celles-ci n’étaient pas engagées dans des actions locales visant à ramener l’ordre dans une région donnée, si bien qu’elles n’étaient pas attachées à une province. Les comitatenses formaient une réserve centrale dont les éléments pouvaient être déployés contre toute menace venant de l’extérieur de l’empire ou contre des dangers à la paix civile émanant d’instabilités politiques périodiques entre diverses factions rivales à Rome.

Le déclin progressif de l’armée romaine (IIIe – Ve siècle)

Les unités romaines de la fin de l’empire étaient potentiellement aussi efficaces qu’à n’importe quelle autre période sous la République ou le principat, mais ce fut la fragilité du cadre politique qui rendit plus difficile le maintien des compétences et d’un système logistique de haut niveau. Malgré tout, l’armée de la fin de l’empire continua de remporter la majorité de ses batailles, mais sa doctrine militaire ne faisait plus preuve du même esprit d’initiative, si bien que la confiance dégagée par les légions n’atteignit plus le même niveau qu’auparavant. Cette armée ne démontrait plus la même agressivité et elle mesurait davantage ses interventions sur le terrain.

Combinée aux pressions externes de plus en plus fortes aux frontières, cette situation amena Rome à faire appel à de plus nombreux contingents de troupes étrangères afin de colmater les brèches et répondre aux impératifs tactiques. Ces troupes barbares avaient leurs propres chefs et techniques de combats, ce qui amena nombre d’historiens à croire que cette « barbarisation » de l’armée romaine contribua au déclin de sa qualité. Cela est fortement débattu de nos jours, mais le fait est qu’à la fin du Ve siècle, l’armée impériale n’avait plus le même niveau d’efficacité et d’agressivité que de celle des siècles précédents.

Au final, ce que l’on peut retenir, c’est que l’armée romaine qui disparut à la fin du Ve siècle, lorsque les infrastructures politiques et économiques censées la supporter s’effondrèrent, ne fut pas victime de ses défaites sur les champs de bataille.

Une reconstitution d'une unité de l'armée romaine vers la fin de l'empire, au Ve siècle.

[1] Le type de gouvernement romain de la période allant de 27 avant notre ère jusqu’en 284-285.

The Roman Army: A Social & Instutitional History

C’est à travers l’excellente télésérie du réseau HBO intitulée Rome que j’ai pu redécouvrir toute la richesse de l’Empire romain, et particulièrement son armée. Instrument vital de conquête et de puissance, l’armée romaine a connu une série d’évolutions à travers son histoire. D’une bande de soldats qui devaient payer ses propres équipements jusqu’aux réformes du général Gaius Marius vers la fin IIe siècle avant J.-C. jusqu’à la puissance force professionnelle sous l’Empire, l’armée romaine demeure encore aujourd’hui une source de fascination.

Cette fascination contagieuse nous est agréablement transmise dans le livre de l’auteure de réputation internationale Patricia Southern The Roman Army: A Social & Institutional History. En un peu plus de 300 pages de texte appuyées par un glossaire et une riche bibliographie, l’auteur explore ce qu’à été l’armée romaine. Son livre n’est pas tant une étude des grandes batailles de l’Antiquité, qu’elle aborde bien sûr, mais davantage une analyse approfondie de ce qu’a été cette force vue de l’intérieur.

D’emblée, Patricia Southern pose l’épineux problème  de la quête de la critique de sources. En effet, comment bien interpréter l’histoire de l’armée romaine et de faire une reconstitution aussi juste que possible de son histoire. Les sources sont souvent fragmentaires, partiales, souvent elles se présentent sous des formes non manuscrites (ex: statues, monuments, etc.). Cette importante mise en garde que fait l’auteure d’entrée de jeu contribue à illustrer la complexité du sujet.

Elle introduit ensuite son sujet aux complexités du contexte de l’histoire de Rome. De la République au Ve siècle avant notre ère jusqu’à la fin de l’Empire d’Occident à la fin du Ve siècle après J.-C., l’auteure prend la peine de brosser le contexte socio-politique, le tout mis dans l’optique des relations qu’entretenait l’armée avec les différentes classes de la société. On reste sous l’impression que par moment, l’armée, les élites et le peuple ne formaient qu’une entité, alors qu’en d’autres circonstances, surtout à une époque où la Garde prétorienne nommait les empereurs aux IIe et IIIe siècles, on dirait que la force militaire formait une société à part.

Cela dit, The Roman Army analyse les origines de l’armée romaine, l’organisation des légions et des unités auxiliaires, de même que celle d’unités spéciales comme la Garde prétorienne, les cohortes urbaines (sorte de force de police), et des unités de cavalerie et de siège. Par exemple, de quelle manière était organisé le système des grades? Qu’était la solde d’un légionnaire? Comment s’administrait une légion au quotidien?

Le livre de Patricia Southern consacre tout un chapitre à la « culture » de l’armée. Par exemple, les relations entre les officiers et les légionnaires, la composition ethnique des soldats, la gestion du moral et de la discipline, etc. Dans cet ordre d’idées, qui dit administration de la discipline évoque la question des récompenses aux soldats ayant fait preuve d’un courage remarquable au combat. C’est ainsi que l’auteure en vient à analyser également tout le système des traditions qui ont largement contribué à l’entretien d’un esprit de corps au sein de cette force exceptionnelle.

À la guerre, l’armée romaine combattait avec méthode. Les stratégies et les tactiques sur le terrain ne laissaient que peu de place à l’improvisation. De l’état-major jusqu’à la centurie, tout était conçu de manière à optimiser les capacités combattives du légionnaire. L’auteure analyse par conséquent cet ensemble de tactiques et de stratégies, tout comme elle élabore la question de tout le bagage que pouvait emporter un légionnaire en campagne.

Avec ses seuls glaives, l’armée romaine n’aurait pu triompher. C’est pourquoi l’auteure s’attarde à l’analyse des communications et du renseignement, éléments vitaux pour la préparation d’une bataille. De plus, l’important système de wagons qui emmenaient les bagages d’une légion est scruté à la loupe, tout comme d’autres questions telles la médecine sur le champ de bataille, la cartographie militaire, etc.

L’armée romaine fut parmi les premières véritables forces militaires professionnelles de l’Histoire. Outil essentiel à la formation de l’Empire, cette armée est analysée de manière magistrale par Patricia Southern. Un livre que nous vous recommandons.

SOUTHERN, Patricia. The Roman Army. A Social & Institutional History, Oxford & New York, Oxford University Press, 2006. 383 p.