Introduction: l’ambigüité étymologique

Au sens d’« arme à feu d’épaule », le terme « arme portative » dérive de l’anglais small arms. Il semble avoir été employé une première fois dans la littérature militaire anglaise au début du XVIIIe siècle. Ce terme définissait simplement des armes à feu capables d’être transportées avec les mains. L’utilisation adéquate du terme se complexifia avec le temps, en particulier face au développement de nouvelles armes à feu telles les mitrailleuses, dont le contexte étymologique suggère, à tort ou à raison, qu’on les rattache à ce terme.
En d’autres mots, les mitrailleuses d’infanterie sont considérées comme des armes à feu portatives, tandis que celles montées sur des avions sont exclues de la catégorie. À l’inverse, d’autres armes utilisées par l’infanterie, comme des petits canons antichars et des mortiers portatifs, sont considérées comme des armes portatives. Essentiellement un concept militaire, le développement des armes à feu portatives fut généralement stimulé par les guerres, qui autorisèrent des avancées technologiques accélérées. Par conséquent, ces innovations eurent des impacts significatifs sur les tactiques employées sur les champs de bataille.
Bien que le terme semble avoir été une première fois employé au début du XVIIIe siècle, une enquête plus poussée sur l’histoire du développement de ce type d’armes nous fait remonter à beaucoup plus loin dans le temps, soit au début du XIVe siècle. C’est en effet au cours de cette période que nous observons l’introduction de la poudre noire comme matériau combustible de propulsion employé avec une arme à feu dite « portative ». Toujours à cette époque, la terminologie ne semblait pas précise, si bien que l’on confondait par moment l’identification de certaines armes à feu, à savoir si elles étaient des armes portatives ou des canons.
Le XIVe siècle ou l’époque du « canon à mains »

Aux fins de cette étude, le terme « canon » semble le plus adéquat lorsqu’il s’agit de brosser le portrait des premiers balbutiements des armes à feu portatives. Plus précisément, ce qu’on appela les « canons à mains » semble avoir été référencé pour une première fois dans un document produit à Florence, puis un autre rédigé sous forme de traité dans la littérature anglaise, tous deux à la fin des années 1320. À partir des années 1340, les sources écrites faisant référence aux armes à feu portatives, aux canons et aux autres armes d’un type similaire se multiplièrent. Nombre de ces écrits suggèrent que les rédacteurs de l’époque semblent posséder des connaissances relativement avancées du principe et de l’utilisation de ces armes à feu portatives employant la poudre noire.
À partir du milieu du XIVe siècle, les documents relatifs aux armes à feu portatives comprenaient aussi des références à l’utilisation de tous petits canons à mains (que l’on appellera plus tard des armes de poing) avec des chargeurs rudimentaires. Par exemple, il semble qu’une arme de ce type ait été présente sur le champ de bataille lors de la victoire anglaise à Crécy en 1346, dans le contexte de la guerre de Cent Ans, bien que ce fut davantage l’arc long qui domina ce jour-là.
Avant la fin de ce même siècle, des références indiquent également la présence d’armes avec des chambres séparées, ce qui témoigne plus précisément que des expériences semblent avoir été réalisées afin d’introduire un système rudimentaire de culasse pour le rechargement. Certains auront pu y voir la poursuite des recherches afin de développer ce que nous avons appelé précédemment les armes de poing, un terme qui apparaît pour la première fois dans la littérature en 1388. De nos jours, les armes de poing représentent un concept utilisé à toutes les sauces et davantage associé aux pistolets et revolvers.
La plus ancienne de ces armes qui existent se trouve au Musée national de Stockholm et elle date probablement de la première moitié du XIVe siècle. Il s’agit d’une petite arme en forme de bouteille faisant environ 30 cm de longueur, dont le canon est d’un calibre de 1,4 pouce. Il est aussi probable que la partie métallique de l’arme fut enchâssée à l’intérieur d’une lourde armature en bois généralement ronde qui devait servir de crosse. Celle-ci s’était naturellement décomposée au moment des fouilles archéologiques. Les armes à feu portatives développées par la suite étaient équipées d’un canon de forme cylindrique, avec des crosses d’épaule similaires, mais avec un crochet sous le canon qui permettaient, lorsque celui-ci était posé sur un parapet, d’atténuer l’effet de recul inévitable lors de la mise à feu.

Poudre, allumage et munition: l’apprentissage des concepts de base (XVe siècle)
Ce type d’armes à crochets fut notamment popularisé dans les états allemands sous l’appellation de Hakenbüchse (arquebuse à croc). La mise à feu était effectuée par l’allumage d’une mèche tenue à la main ou d’un fil métallique chauffé vers un trou d’ignition nommé la lumière. Plus tard, d’autres modèles de ces canons à mains avaient un petit réservoir de poudre noire au bout de la lumière que l’on appelait le bassinet. La mise à feu était effectuée par un principe similaire de mèche à combustion lente. Celle-ci était préalablement trempée dans une solution de nitrate de potassium puis séchée. L’idée consistait à allumer la mèche, sans qu’elle brûle, ni qu’elle s’éteigne.

Compte tenu de la qualité toute relative des matériaux utilisés et des méconnaissances initiales quant au dosage de la poudre noire (et sans parler des conditions sur le champ de bataille), l’allumage de ces armes pouvait être une opération qui s’avéra par moment plus risquée pour le tireur que pour l’ennemi en face. Il était souvent nécessaire, par exemple, de rallumer la mèche juste avant le tir pour être certain que la combustion se fasse adéquatement au moment opportun.
Ce ne fut pas avant le début du XVe siècle que l’on vit apparaître les premiers fusils à mèche équipés de détentes. La mise à feu s’effectuait grâce à une longue mèche à combustion lente qui était attachée dans les crocs d’un levier en forme de S nommé le serpentin. La détente se trouvait sous ce serpentin. Lorsqu’on appuyait dessus, la partie supérieure du serpentin, sur lequel se trouvait attachée la mèche allumée, se déplaçait vers le bas dans le bassinet, actionnant ainsi la charge propulsive de poudre noire. Le premier avantage de ce système était qu’il permettait au tireur de ne pas avoir à placer sa main près du bassinet contenant la poudre noire.

Toujours vers 1500, on vit l’introduction de crosses d’épaule, à l’opposé des armes à feu du XIVe siècle qui se tenaient généralement sous le bras pour amortir l’effet de recul. Il s’agissait là d’un développement majeur dans l’histoire des armes à feu portatives, puisque le principe de la crosse, qui sert à stabiliser le tir et amortir le recul, deviendra l’élément caractéristique des armes à feu pour les siècles à venir. C’est également vers la même époque que l’on commença à réfléchir à un concept où l’arme, à savoir la poudre et la munition, serait chargée par le canon, et non plus uniquement par un bassinet comme autrefois en ce qui concerne la poudre. De plus, on réfléchit sur le principe d’une arme à feu dont la détente actionnerait une charge préliminaire (ex: une étincelle), qui elle-même déclencherait la charge principale située dans la chambre du canon.
Le XVIe siècle: la demande d’armes à feu
Ces expérimentations connurent des succès mitigés. On fit l’essai d’un chargement de l’arme par une sorte de culasse située près de la chambre (et non par le canon), puis cette autre tentative consistant à doter l’intérieur du canon de rayures pour améliorer l’effet balistique. Le XVIe siècle en fut donc un de grandes expérimentations, surtout à des fins militaires. Divers types de nouvelles carabines virent leur apparition. Il y eut bien entendu l’arquebuse (une carabine lourde), mais également d’autres armes à feu portatives tel le pétrinal (une autre carabine lourde), et ce, jusqu’à l’apparition du mousquet.
Par ailleurs, au cours du XVIe siècle, l’invention du système d’allumage à rouet facilita grandement le développement des premiers pistolets. Toujours relâchée par une détente, l’idée consistait à faire pivoter une petite roue à ressort métallique contre une pierre. Ce contact provoquait une étincelle dans le bassinet chargé de poudre, déchargeant ainsi l’arme. C’est aussi à cette époque que le statut social des armes à feu portatives évolua. Autrefois utilisées par des soldats, ces armes attirèrent également l’attention des officiers de cavalerie, de même que celle des amateurs de chasse. Le XVIe siècle vit également l’apparition d’un métier somme toute nouveau, celui de l’armurier. Celui-ci était à la fois un artisan, un dessinateur, un innovateur, voire un artiste dans un champ d’expertise qui veillait à bien satisfaire une clientèle de plus en plus nombreuse, riche et exigeante.

Bien que la sophistication des armes à feu portatives prit du temps avant d’atteindre l’appareil militaire dans son ensemble, les encouragements prodigués par ceux qui détenaient le pouvoir (et qui occupaient souvent de hautes fonctions militaires) firent en sorte qu’inévitablement, ces armes raffinées finirent par être distribuées en grand nombre aux soldats. Auparavant, surtout à l’époque des armes à allumage à rouet (un mécanisme compliqué et qui coûtait cher de fabrication), peu de soldats avaient accès aux armes à feu. Leurs utilisations à des fins militaires furent essentiellement réservées sous forme de pistolets à l’usage des officiers de la cavalerie qui, pour la première fois, pouvaient s’en servir efficacement assis sur leurs chevaux.
Mise à part la nécessité d’entraîner les chevaux, afin qu’ils ne paniquent pas en entendant le bruit des armes à feu tirées près de leurs oreilles, la disponibilité des pistolets pour la cavalerie ne donna pas seulement à ses officiers une arme d’appoint avec l’épée et la lance, mais elle changea son rôle tactique. La grande charge compacte ferait éventuellement place à une manœuvre plus circonspecte nommée la caracole, dans laquelle les rangs de cavaliers avancent, tirent avec leurs pistolets, puis retraitent afin de pouvoir les recharger. Cependant, il s’avéra qu’avec le temps la caracole devint obsolète vers 1700, si bien que l’on préféra réserver la décharge du pistolet lors de la mêlée, au même titre que l’épée, ce qui relégua l’arme à feu à un rôle ni moins, ni plus important que celui de l’arme blanche.

La domination du mousquet (XVIIe – XIXe siècles)
Le développement du fusil à silex vers la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle permit de répandre davantage l’utilisation de ce type d’armes au sein des infanteries du monde, si bien que ce système d’amorce perdura à travers le XVIIIe siècle et jusqu’à la fin de la première moitié du siècle suivant. Lorsque la détente était pressée, elle actionnait un marteau à ressort sur lequel était fixée une pierre. Celle-ci frappait une plaque de percussion en acier qui était située au-dessus du bassinet. Le jet d’étincelle provoqué alluma la charge, ce qui fit du fusil à silex le summum du développement de ce type d’armes à feu d’allumage à pierre. L’innovation maîtresse de cette arme était sa plaque de percussion en forme de L. La partie inférieure de cette plaque servait à couvrir le bassinet, ce qui immunisait la poudre contre l’humidité et la moisissure, d’où l’importance d’ouvrir la plaque avant le tir afin de découvrir la poudre.

Par conséquent, on assista à une multiplication des armes à feu portatives, surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, à une époque où les guerres étaient quasi constantes en Europe, puis dans le reste du monde à mesure que progressait la colonisation. Le mousquet devint l’arme de base du fantassin, puis la carabine (un mousquet de plus petite taille et de calibre) connut une popularité croissante dans la cavalerie. Celle-ci prit un soin continu à réinventer constamment cette carabine, sans compter l’intégration du pistolet en version améliorée et par moment équipé d’une crosse détachable au besoin. De son côté, la marine profita également de l’invention du mousquet qu’elle adapta selon ses besoins particuliers. À titre d’exemple, le mousqueton était une version raccourcie du mousquet. Celle-ci s’avéra utile dans l’espace confiné d’un navire, que ce soit pour décourager l’ennemi d’aborder ou bien pour réprimer une éventuelle mutinerie.
Du silex à la mitrailleuse: un XIXe siècle de transitions
Le XIXe siècle connut également son lot d’innovations au sein des armes à feu portatives. À l’instar du siècle précédent, la guerre stimula une fois de plus le développement de ces armes, quoiqu’il ne faille jamais négliger l’influence du monde du sport (la chasse), une influence qui déteignit sur le monde militaire. C’est en grande partie grâce à la Révolution industrielle tout au long du XIXe siècle que les expérimentations des deux côtés de l’Atlantique allèrent de pair avec la montée constante des tensions politiques dans une Europe de plus en plus nationaliste. D’ailleurs, d’un bout à l’autre de ce siècle, on passa de l’abandon du mousquet à l’introduction du fusil à percussion, puis à l’invention de la mitrailleuse avant même que ne débute le siècle suivant.
L’autre particularité de l’évolution des armes à feu portatives réside dans la standardisation à grande échelle des modèles au cours de cette ère industrielle. Par exemple, l’armée américaine voulut adopter le même fusil pour toute son infanterie dès 1803. Plus tard, en 1841, l’armée prussienne fit du fusil à chargement par la culasse Dreyse son arme d’ordonnance. Le Dreyse était révolutionnaire pour son époque, car sa cartouche en papier contenait à la fois l’étui, le projectile et la poudre nécessaire à la charge. Une fois introduite dans la chambre en ouvrant la culasse, la cartouche était mise à feu à l’aide d’une aiguille actionnée par la détente. Le recours au Dreyse par les Prussiens était presque anachronique, dans la mesure où les soldats des autres armées européennes chargeaient toujours leur mousquet par le canon, avec la balle et la poudre séparées, comme le firent leurs prédécesseurs depuis les trois siècles précédents.

Pour leur part, les soldats américains furent équipés d’une arme également révolutionnaire pour son époque, soit le revolver Colt qui, comme le terme l’indique, disposait de six chambres pivotantes contenant chacune une cartouche. Cette arme fut employée avec succès lors des affrontements contre les Indiens séminoles en 1838, puis lors de la guerre contre le Mexique en 1847. Le Colt connut une popularité phénoménale, si bien que les officiers britanniques de la Royal Navy adoptèrent une version de marine du Colt en 1851 et ils en firent usage lors de la guerre de Crimée qui débuta en 1854.

Le milieu du XIXe siècle vit aussi, du moins pour un certain temps, la difficile cohabitation sur les champs de bataille entre les anciennes armes à silex et les modèles plus récents d’allumage à percussion. On peut penser aux inconvénients tactiques de telles situations, surtout si l’on sait qu’une partie des combattants ne parvient pas à tirer à la même distance, ni avec la même cadence de feu que l’autre groupe. Cette situation se produisit notamment au début de la Guerre civile aux États-Unis en 1861, jusqu’au moment de la généralisation du fusil modèle Springfield 1861, une arme à percussion qui tirait la dévastatrice cartouche Minié. L’allumage se faisait à l’aide d’un petit « cap » généralement en cuivre qui était placé sur un petit bouton métallique.
Lorsque frappé par le marteau à ressort après avoir appuyé sur la détente, le cap entraînait une décharge primaire qui à son tour produisait une petite substance explosive nommée le fulminate de mercure. Cette substance engendrait une flamme qui traversait le bouton métallique et allumait la charge principale. Un autre paradoxe de la Guerre civile réside dans l’invention de la mitrailleuse à manivelle Gatling (1861). Alors que la majorité des soldats d’infanterie combattaient avec le fusil Springfield, dont un soldat entraîné pouvait tirer trois coups à la minute, la Gatling pouvait arroser de balles un terrain délimité avec une très forte cadence de tir.
L’ère des armes à rechargement par le canon tirait néanmoins à sa fin. Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, les soldats de chaque camp disposaient de fusils à rechargement par la culasse qui pouvaient tirer des cartouches complètes (étui, poudre et projectile en une seule pièce). Il n’était donc plus nécessaire de charger l’arme par le canon comme autrefois.
C’est aussi lors du dernier quart du XIXe siècle que la plupart des développements techniques faisant parties intégrantes des armes modernes furent expérimentés. Déjà équipées de culasses à rechargement rapide, les armes pouvaient contenir un plus grand nombre de cartouches. Cela signifiait qu’elles devenaient des armes à répétition. Les calibres furent réduits (ce qui atténua l’effet de recul), la vélocité des projectiles s’améliora, sans oublier l’introduction de la poudre sans fumée qui accrut nettement la visibilité sur les champs de bataille.
Quant aux pistolets et revolvers, ceux-ci virent également leurs calibres réduits pour la même raison que mentionnée précédemment. De plus, ces armes connurent un lot d’améliorations similaires aux fusils en ce qui a trait au rechargement, à la vélocité et au tir semi-automatique. Les mitrailleuses virent une évolution rapide. En un peu plus d’un quart de siècle, ces engins initialement utilisés par l’action d’une manivelle se transformèrent en armes automatiques refroidies par liquide et capables de tirer environ 600 coups à la minute.
Le test de 1914-1918

Toutes ces innovations eurent des impacts considérables qui forcèrent les belligérants à réviser leurs tactiques sur les champs de bataille. Ces révisions coûtèrent extrêmement cher en vies humaines, notamment lors des affrontements de masses de la Première Guerre mondiale. La puissance terrible du feu amena aussi une réévaluation du rôle du soldat à titre individuel. Chaque combattant était encouragé à se perfectionner dans l’art du tir, d’autant plus qu’il avait entre les mains une arme qui lui permettait d’accomplir cette mission. Chaque cavalier dut délaisser son cheval et devenir un fantassin dans les tranchées, bien que l’introduction du char d’assaut à partir de 1916 lui redonnera certaines lettres de noblesse.
Dans la catégorie des armes à feu portatives, ce fut véritablement la mitrailleuse qui domina les champs de bataille de 1914-1918. Celle-ci fit l’objet de nombreuses études, tant pour en faire un usage optimal que pour minimiser son impact lors d’un assaut. D’ailleurs, les mitrailleuses devinrent plus légères et portatives par un seul homme, si bien que la mitraillette, introduite trop tard dans le conflit pour avoir un réel impact, devint en quelque sorte l’ancêtre de l’armement du soldat contemporain.
Déjà inventé dès le XVIIIe siècle, le lance-grenade fit sa réapparition. Il suffisait d’attacher au bout du fusil la pièce supportant la grenade, puis de propulser le projectile à l’aide d’une cartouche à blanc. Ce type d’arme était idéal pour une guerre de tranchées comme celle vécue de 1914 à 1918. Par ailleurs, l’avènement du char d’assaut força les belligérants à mettre au point des canons antichars, dont certains modèles étaient portatifs. Par exemple, les Allemands mirent au point un fusil antichar de calibre 13 mm inspirée de la carabine Mauser modèle 1898. Enfin, le mortier refit aussi son apparition, sous forme de modèles variables et portatifs. Encore une fois, il s’agissait d’une arme bien adaptée à la guerre des tranchées et qui est toujours en service de nos jours.
Légèreté et versatilité: la réflexion depuis l’entre-deux-guerres
Le développement des armes à feu portatives depuis 1918 s’est particulièrement concentré sur l’amélioration du poids et de la versatilité. Là aussi, les Allemands furent des pionniers en la matière, suivis de près par les Américains avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1944, les Allemands mirent en service le premier fusil d’assaut automatique de l’histoire, le SturmGewehr, une arme considérée comme l’ancêtre du célèbre fusil d’assaut soviétique AK-47 (1947), qui lui-même fut amélioré en 1974.

Dans ce contexte, d’autres éléments découlent des principes de base de légèreté et de versatilité. Par exemple, il fallait inventer une arme certes légère, mais aussi capable d’être refroidie à l’air (et non à l’eau ou au gaz) et qui possèderait une grande cadence de tir. Très important également, il importait que l’arme soit en mesure d’être facilement transportée par un fantassin qui puisse suivre le reste de sa formation. C’est ainsi que les Allemands inventèrent deux modèles de mitrailleuses portatives MaschineGewehr en 1934 et en 1942 (MG 34, MG 42), qui peuvent être considérées comme les premières mitrailleuses répondant aux critères fondamentaux de la légèreté et de la versatilité. À cet égard, nombre de mitrailleuses actuellement en service dans certaines armées du monde sont copiées, sinon largement inspirées, de la MG 42.
La réflexion sur le développement mit aussi l’accent sur la capacité de recharger rapidement les armes. La première carabine d’assaut semi-automatique à rechargement rapide fut probablement celle de conception américaine, à savoir le M-1 Garand, une arme abondamment en service lors de la guerre de 1939-1945. Pour leur part, les Allemands conçurent d’autres armes répondant à des principes similaires, notamment les mitraillettes Maschine Pistole 38 et 40 (MP-38, MP-40).

Conclusion: l’attachement aux principes
Les développements depuis 1945 se sont essentiellement concentrés sur la réduction des calibres, un phénomène déjà entamé depuis le dernier quart du XIXe siècle. Notons aussi cet autre exemple d’innovation, soit que les ingénieurs travaillent sur de nouveaux types de munitions, à savoir des cartouches sans étui. Ce type de munition permettrait entre autres d’éliminer l’éjection traditionnelle de la douille après le tir, qui par moment peut enrayer l’arme, tout en accroissant davantage la légèreté pour le fantassin. De plus, la fabrication des armes à feu portatives à des fins militaires ne fait à peu près plus appel au bois comme matériau de base de support au canon, si bien que des composantes plastiques encore plus légères et résistantes font partie des matériaux d’aujourd’hui.
En dépit des nombreuses erreurs issues de maintes expérimentations, il demeure deux principes constants associés à la fabrication et à l’utilisation d’armes à feu portatives depuis le XIVe siècle. Le premier est celui de l’accroissement de la puissance de feu entre les mains du soldat. Le second, habituer celui-ci à la réalité incontournable que sur le champ de bataille, il doit malgré tout porter son arme et ses munitions.